Le site du château ici :
http://www.exindre.fr/index.php?page=index
Dans l’Hérault, au Pays des Etangs, non loin de Frontignan et de Palavas-les-Flots, le Château d’Exindre, produit un des meilleurs muscat que j’ai jamais goûté dans la commune de Villeneuve-lès-Maguelone. La version 2005 du breuvage était quelque chose d’opulent, suave et léger à la fois. Je ne parlerais pas de fraicheur, mais quand même on est loin des sirops alcooleux que peuvent devenir ces breuvages bien souvent.
Le château a un vieux passé viticole : villa romaine puis franque, on y trouve des vignes au moins depuis 1100 et des crottes d’âne. Le pot de chambre qui orne les étiquettes, ce sont des fonts baptismaux de la Paroisse de La Magedelaine qui sont ornés d’après google de motifs d’inspiration wisigothe. C’est pas comme à Bordeaux, où ce qui motive les agissements ce sont plutôt des motifs d’ostrogoth.
Quelle ne fut pas ma surprise, en passant dans une grande surface du nord du Luxembourg (Massen pour ceux qui connaissent) d’y trouver pour 7 euros et des poussières, le muscat et le Languedoc du domaine. Prenons et gloutons qui s’est dit Le Rustre.
En coteaux du Languedoc
Magdalia 2006
D’après le site du château, il s’agit principalement de vieux carignan et de syrah avec une pointe de grenache.
Au milieu d’une mer de larmes, la robe est invraisemblablement opaque, noire de noire. Il y a bien un peu de grenat sur la tranche, tirant sur le brun mais sinon plus d’espoir devant les portes de ce pénitencier.
Le nez est d’abord réduit, pas comme un cagibi avec des vieilles chaussettes rassurez-vous, mais ça sent le truc qu’on vient d’ouvrir et qui n’a pas encore repris de l’air. C’est sans fruit, mais avec des épices.
Puis, après une heure d’attente fébrile, ça s’ouvre joliment avec des impressions de fruits noirs confits, de girofle, d’oxo, de marinade, de sauge. Le tout est mesuré. Je parle bien d’impressions parce que l’arôme, il faut le débusquer. C’est assez plaisant et à l’aération un soupçon de violette égaie le tout.
Ne serait-ce les tanins virils, poilus et râpeux qui pour un peu prendraient l’accent rocailleux du sud, le vin est plaisant en bouche : rond sans excès, bien équilibré par une acidité fine qui relève la finale. C’est juste un poil trop alcooleux à mon goût. Ca exprime la discrétion mais quand même on ressent la griotte et le cassis très mûrs et même bien cuits, les épices de la garrigue. Il y a aussi une forte amertume finale un peu dans le genre d’un digestif aux plantes Italien qui accompagne le grain de café sur 15 secondes.
C’est typé sud et il faut aimer. Je trouve ça plaisant sur un moment, mais point trop n’en faut tout de même à mon palais de chochotte nordiste.
Sur deux jours ensuite, la structure ne va guère bouger mais les arômes vont se noyer dans le vague d’un brouillard de fruits noirs épicés trop mûrs.
Muscat de Mireval.
Voilà bien une de ces appellations qu’on se demande mais d’où tu viens doudou dis-donc ? Ben à côté de l’appellation Muscat de Frontignan pardi. Ha bon ?
S’étendant sur les communes de Mireval et Vic-la-Gardiole, le vignoble de muscat à petits grains se tape le cagnard méditerranéen mais aussi le vent du large (et nous savons tous ce qui se passe quand le vent du large arrive depuis Pompon et la classe). Ca c’est d’après wikipedia. Maintenant soit Villeneuve fait partie de l’aire d’appellation aussi soit le château d’Exindre a des vignes sur une autre commune. Vous savez quoi ? je crois que ce n’est pas très important.
L’important, c’est que le muscat, son rendement de base doit être de 28Hl/Ha et que les sucres à la cueillette doivent afficher un taux de vignes de 252 g/l minimum. A moins que ce ne soit le contraire.
Encore un mot historique à propos de ce bon vieux Rabelais qu’on met à toutes les sauces dès qu’il s’agit de pinard ou de gaudriole. Mais le gaillard nous livre une des plus vieilles mentions des vins de Mireval lorsque passant à Montpellier vers 1520, il dit y rencontrer "bons vins de Mirevaux et joyeuse compagnie". Puis à Avigon il déclare y croiser des "femmes qui jouent volontiers du serre-croupière parce que c'est terre papale". Quel rustre celui-là !
Vent d’Anges 2008.
Du muscat à petits grains cueilli au vent d’octobre. Et non Gilbert, les touristes sont partis mais ce n’est même plus en septembre, va t’en donc cueillir tes oranges.
Voilà de l’or franc qui donnerait envie d’être riche. C’est très lumineux, cristallin avec des larmes drues et grasses qui donneraient envie d’être gros (d’après ma femme mon envie est comblée…).
Le nez est aromatique mais sans excès, franc et très fruité, on joue entre le pamplemousse rose entêtant, la poire et le raisin sec. Il y a un fond muscaté. Une vraie gourmandise.
C’est suave, sucré, moelleux. Et absolument ni alcooleux ni lourd. C’est de la crème en bouche, veloutée et grasse. Cependant, inexplicablement, la matière reste légère. Une gourmandise avec des arômes expressifs de muscat , de raisin sec, de melon très mûr, d’épices et de réglisse. Et la longueur court sur un bon 25 secondes.
Un délice gourmand, pur qui se prolonge sur deux ou trois jours sans rien perdre de sa superbe.
Le Vent d’Anges 2005 m’avait laissé une sacrée impression aussi. Il est décrit dans cet article qui date d’il y a plus d’un an. C’est le troisième vin décrit.
http://lerustre.over-blog.com/article-cinq-douceurs-en-hiver-cinq-rayons-de-soleil-45628781.html
Je vais vous dire mas petits amis, ce vin là me ramène à ma passion pour le vin loin des discussions de tortionnaires de diptères du style "le fruité est-ce vulgaire ?", "la minéralité est-ce que ça existe ?" et "la complexité c’est quoi ?"
Non, ce muscat là te rive sur une chaise, sur une terrasse, au soleil avec des amis qui rient et des enfants qui courent. C’est la magie d’un fruit qui parvient à te mettre du pamplemousse rose, de la poire ou d’autres arômes entêtant dans un jus qui n’en a jamais contenu, du pamplemousse ou de la poire. C’est le bonheur quoi.