Quand j’ai commencé à penser à créer un blog, je m’imaginais créer des fiches de jardinage et donner plein de conseils, synthétiser tout ce que j’ai lu à droite et à gauche…
Mon potager. Non, ne fuyez pas, c'est la partie couverte d'engrais vert. les grandes tiges sèches, c'est de la moutarde. Le vert ce sont des vesces et du seigle. Dans un mois je faucherai et incorporerai ces plantes au sol. pas de travail pour le moment...
Le week-end passé, j’ai commencé à « retourner » mon jardin avec ma grelinette, sorte de bêche-fourche plébiscitée par tous les jardiniers bio qui se respectent (je n’ai pas trouvé de photo de mon modèle sur le net et la mienne est dégueulasse, si j’ai le temps la semaine prochaine je poste une photo de l’engin rendu présentable…). Le but est d’aérer le sol sans le mettre sans dessus-dessous, ce qui est souvent reproché aux bêches et au motoculteur. L’utilisation de la grelinette permettrait de ne pas mélanger les couches aérobies et anaérobies du sol…
D’autres décrient la grelinette en disant que c’est un attrape-bobos, super cher (dans les 100 euros quand même) et inutile et que si tu utilises une bêche pas trop longue, tu respectes autant la vie dans le sol. De plus, la grelinette, si le sol est trop argileux, trop plein de racines, trop ceci et trop cela, et bien c’est du flan. Et que de toute façon en travaillant sur 30-40 cm, la couche anaérobie, on est loin de l’atteindre et que dans un sol bien constitué au niveau argilo-humique et profond, c’est pas demain la veille qu’on l’atteindra.
N’ayant aucune expertise sur ces divers points de vue, j’ai longtemps hésité à en acheter une. Puis ma femme m’en a offert une pour mon anniversaire. J’ai trouvé ça génial. Non seulement, si la terre est bien amoureuse, la grelinette travaille le sol sans le retourner, en émiettant les mottes, non seulement étant trois fois plus large qu’une bêche le travail avance quasi aussi vite qu’avec un motoculteur que tu dois repasser trois fois, mais en plus tu te fatigues moins et ton dos est sain et sauf !
Donc, je suis peut-être un bobo, mais je trouve cet outil génial. Sauf, que le week-end passé, quand j’ai enfin trouvé un créneau pour travailler au jardin, le sol était encore trop humide et j’ai un peu trop retourner sans émietter. Est-ce que cet accroc aux grandes règles du nouveau jardinage respectueux de la belle vie dans le sol va faire dépérir mes légumes ? Vu que ca m’arrive chaque année et que j’ai quand même de beaux et bons légumes, je peux vous répondre que non.
Après le passage de la grelinette (ci-dessus, sans protection après une semaine la terre argileuse sèche et devient difficile à travailler), je couvre comme je peux (avec du gazon par exemple voir ci-dessous) le sol pour le protéger.
Et c’est à ça que cet exemple voulait vous conduire. Il n’y aura point dans ces pages d’encyclopédie du jardinier. Juste du vécu, loin des recettes toutes faites. Ne vous attendez donc pas à voir de belles photos de l’homme au travail, de réponses définitives, de recettes avec schéma 1, 2, mettez la chevillette 1c dans le trouloulou 1C. Non, il y aura surtout des interrogations, des doutes, rarement des solutions, qui parfois changeront l’année d’après, des erreurs aussi probablement.
On trouve déjà tellement de solutions gentiment bio qui ne sont pas très bio en fait…
Lierre terrestre ou lamier amplexicaule. Une adventice bien jolie qui est aussi un condiment excellent pour les salades et les omelettes.
Quelques unes en vrac ?
Le lithothamne qui est un dépôt calcaire issu de l’activité d’une algue rouge encroûtante extraite en profondeur (au large de l’archipel des Glénans dans le Finistère par exemple) est la coqueluche des jardiniers bio. Le guide Rustica du jardinage, à tendance franchement bio, le cite quasi à toutes les pages. C’est bon pour tout, de la vigueur de la plante à la lutte contre le mildiou. C’est vrai que c’est un bon amendement, riche en Oligo-éléments et neutralisant les sols acides. Or le lithothamne n’est pas une ressource durable. Les gisements diminuent et proviennent d’exploitations contestables au plan écologique puisque non seulement la récolte dépasse les facultés de régénération des « colonies » d’algues mais elle détruit aussi un écosystème primordial pour la reproduction d’espèces marines. Faites donc un petit tour sur ce pdf. Le Finistère a d’ailleurs décidé, il me semble, de suspendre les récoltes à partir de 2011.
La roténone et d’autres insecticides bio (jus de tabac, pyréthrine) ont longtemps été vendus librement en jardinerie et les gens achetaient ça tout content d’utiliser un produit bio efficace qui-ne –pouvait-pas faire –de-mal-puisque-bio. Or ces produits, s’ils sont efficaces, sont nocifs, y compris pour l’homme (relation entre roténone et maladie de Parkinson) mais surtout ne sont pas sélectifs : ils tuent le puceron mais aussi la coccinelle !
Les plantes-pièges, pour les pucerons notamment. Plantez donc de la capucine près de vos tomates qu’ils disaient, quand elles seront noires de pucerons, brûlez les, vos tomates seront épargnées. Sauf que observez : sur la capucine, c’est un puceron noir en colonies qui s’installe, sur vos tomates, un vert plutôt solitaire. La capucine ne protège donc pas grand-chose. On m’avait présenté aussi l’absinthe comme éloignant les pucerons. Je vous montrerai bientôt des photos de mon absinthe noire de puceron. C’est la première plante à être envahie ! Par contre, et c’est là un outil de première bourre pour le jardinier, ce rassemblement des pucerons sert de banquet et de nurseries pour les coccinelles et les syrphes au début du printemps. Ces prédateurs et leur descendance se disperseront dans votre jardin quand inévitablement à la fin du printemps la colonie de pucerons essaimera et laissera votre absinthe se régénérer tranquillement. De toute façon, heureusement que les pucerons lui font sa fête annuellement à cette jolie saloperie : elle est très envahissante et aurait tôt fait d’envahir toute ma parcelle d’aromatiques.
Armoise absinthe, bien en retard cette année...
Dernier exemple : on nous dit de planter des plantes aromatiques comme « rideau olfactif » près des choux pour éloigner les piérides. Certes. Mais c’est oublier que certaines plantes aromatiques comme le thym émettent leur parfum comme protection (un peu à la manière de notre sueur) contre le rayonnement solaire et qu’en Belgique, quand il fait froid et qu’il pleut… ben la protection olfactive n’est pas vraiment là. Par contre, j’ai observé que des choux perdus dans une jungle de fenouil et de coriandre, au point que le feuillage de l’aromatique cache véritablement le chou sont moins attaqués par les piérides qui y pondent nettement moins que sur les choux visibles.
Voilà quelques remarques éparses qui me sont venues en retournant mon jardin. Pas grand-chose, mais ça me rachète un peu de mes divagations sur les chats non ? Il faudra aussi que je vous raconte pourquoi je ne jardine plus avec la lune mais c’est plus long alors ça attendra. A la semaine prochaine