Le Rustre est un peu dingue. Il a un avis sur tout bien sûr. Et quel avis ! Il a des mentors bien sûr. Et quels mentors ! Pompon, Rémy Bricka, Roger Tout court, Rika Zaraï, les chevaliers playmobils... C'est dire si l'avis du Rustre est pertinent !
Je vous le demande un peu. Je vous la pose la question. Non mais ! C’est vrai quoi. Ya pas à dire, dès que tu as une marée noire ou une centrale atomique qui pète, il faut qu’ils ramènent leur fraise.
Il en pleut pour le moment. Des écolos. A cœur joie qu’ils s’en donnent !
Les écolos. Les bobos. Les végétaliens macrobiotiques. Les barbus. Les doux rêveurs. Et vas-y que je te prétends que le nucléaire c’est dangereux, et vas-y que je te bassine avec le réchauffement climatique, et v’la t’y pas que je te les brise avec ton empreinte écologique et ta taxe carbone.
Bon, on ne peut pas tout à fait leur en vouloir aux écolos, ils sont malades.
Ils souffrent d’un syndrome malheureusement encore peu étudié, le syndrome de la pastèque. Bien vert à l’extérieur, mais rouge au cœur.
Et là, je vous le demande un peu, fidèles citoyens, loyaux républicains, traitreux royalistes, peut-on encore décemment être de gauche au 21ème siècle ? Alors même qu’il n’y a plus un seul gauchiste assumé sur terre,dans aucun parti rosâtre que ce soit, même pas dans le parti communiste chinois à vrai dire. Peut-on tolérer dès lors tant de rouge bien planqué sous cette carapace verte ?
Alors même que les vraies valeurs qui ont porté l’humanité depuis l’état fruste de l’âge de pierre jusqu’aux cathédrales financières des cités d’affaires de Honk-Kong ou de New-York triomphent ? Je veux parler ici de ces valeurs porteuses que sont l’appât du gain et l’envie de grimper sur la gueule du voisin.
Ma réponse est non, trois fois non. Même six fois si vous voulez. Ou plus.
Car enfin que fait la science ? Le syndrome de la pastèque ne doit plus être une fatalité. Il faut faire quelque chose. Je ne sais pas moi, un concert caritatif avec tout plein des gueuleuses, des chanteurs à voix, des chanteurs à texte, des chanteurs à clous, Raphael. Un truc à la télé, un pastèque-thon.
Un pastèque-thon. Ca devrait bien marcher. Au moins en Belgique où on adore déjà les pêches au thon. Ah, je vois quelques lecteurs français afficher une mine dubitative (je n’ai pas dit une carrière d’éjaculateur précoce).
Oui, je sais, je sais. Mais ne nous leurrons pas, larrons : avec le roi, le foot et la bière, les dernières briques du ciment des belges, ce sont la tomate-crevette et la pêche au thon. Une demi pêche avec une salade de thon dedans.
Pas fraiche la pêche hein, non de la bonne en conserve, au jus si possible, pas au sirop. Puis il vous faut du thon, en boîte aussi, que vous allez mélanger avec de la mayonnaise (rangez moi ce fouet et ces œufs, cette huile, en tube la mayo, malheureux), des échalotes ou de la ciboulette. Et voilà un des fleurons de la gastronomie belge vite préparé. J’allais écrire de l’astronomie et je n’aurais pas été loin de la vérité. Non, mais vous vous rendez compte ? Des pêches au thon !
Et on eut voulu qu’on sauvât ce pays de la ruine de l’âme ? Et ensuite, on voudrait son unité ? On voudrait lui accorder pitié et amitié ? Que nenni mes preux, sus au Belge et à sa pêche au thon. Dans le Belge, de son canal pendu à ses ondulations ardennaises, rien n’est bon, contrairement au cochon.
Sabrons, saignons, n’épargnons point, qu’un sang impur exhalant des remugles de pêche et de thon, abreuve nos souillons ! Aux larmes citoyens, jetons les pêches au thon, coupons, guillotinons, c’est de bon ton.
Mais bon, je m’égare et j’é fé un créneau. Revenons à nos pastèques. Car cette digression régressive digestive (quoique la pêche au thon, question digestion...), ne doit pas nous éloigner de nos échalotes. Comment diable peut-on être écolo au 21 ème siècle ?
Fichtre foutre de cornegridouille de bisturlute à cul.
Si vous me passez l’expression. Tant que vous y êtes passez le sel aussi. Et le poivre. Merci.
Car n’oublions pas de dire merci ni le proverbe :
"Radium qui rayonne, écologiste qui claironne".
Et oui car en vérité !
Mais bien chers frères, mes bien chères sœurs (quoi mille balles pour une brouette népalaise inversée ?).
En vérité !
Aussi vrai que vous me voyez là devant vous.
Il suffit, d’une petite fuite radioactive de rien du tout, d’une toute petite tempête minuscule pour que l’écologiste exulte et nous serve son fond de commerce : "On vous l’avait bien dit, mais vous n’écoutez pas".
Plusieurs études très sérieuses l’ont montré (lire à ce propos la synthèse publiée par Poujade et Bistrot dans Journal of pools chemistry) : si on écoutait l’écolo, on vivrait dans des cavernes en s’éclairant à la bougie. Et on roulerait à cheval. Et on se brosserait les dents avec des herbes. Et on en fumerait, de l’herbe.
Et on boirait du vin biodynamique dans des cornes d’aurochs à la pleine lune. Et on se vêtirait de peaux de fougères, parce que tuer des bêtes, c’est pas gentil. Et on n’aurait plus de mœurs autres que dépravées, trainant dans nos grottes à lire l’Equipe en savates en écorce de bouleau parce qu’il n’y aurait rien d’autre à faire parce que le progrès et la croissance seraient proscrits et que nous resterions là, à nous demander pourquoi.
Et nous passerions notre temps à faire ripaille, à manger, boire, dormir et bien sûr à copuler frénétiquement et dans le plus grand désordre avec nos femmes, nos voisines et les sœurs de nos femmes et celles de nos voisines et je ne vous parle pas de leurs cousines….
Bon.
C’est où qu’on signe ?
Car enfin, cela suffit, Cassandres de Havane que vous êtes. La modernité, c’est le progrès. Et le progrès, c’est la croissance. L’Homme est l’Homme parce qu’il a su s’extraire de sa gangue animale et avancer seul, fier, debout, la zigounette ou le pilou-pilou au vent sur le chemin de la liberté par le travail et la sueur dans les sillons, puis dans les mines, puis les chaines de montage, puis les allées mornes du FOREM ou de l’ANPE parce que c’est moins cher en Chine. Et vous voudriez qu’on fasse marche arrière ? Qu’on recule ?
Au prétexte de quoi ? Félons fêlés!
Qu’en 1900 nous n'étions même pas 2 milliards et qu’en 2050 nous serons entre 7 et 11 milliards, alors que cette foutue planète n’a pas grandi d’un pet de libellule entre-temps ?
Que nos principales sources d’énergie existent en quantités finies et qu’elles s’accordent donc mal avec un modèle de croissance constante et infinie, que Monsieur Marché en a les bourses toutes tremblotantes dès que la croissance se tasse un peu ? Songez donc que TOTAL, source très encline à faire dans l’écologisme primaire estime que le pic de production de pétrole, de 100 millions de barils par jour, sera atteint en 2020. Autant dire dans… ah merde, dans 9 ans. Peut-être sera-t-il toujours temps d’échanger un baril de pétrole contre deux barils d’uranium. Ce qui nous fera un sacré paquet de barils d’uranium. Il va falloir songer à acheter une seconde planète pour stocker les déchets. Allons-donc peccadille que tout cela. Roupie de Sansonnet.
Foutaises.
Et puis évidemment, vous viendrez nous casser les roubignoles avec votre nucléaire là. Comme quoi, il y aurait des risques, des déchets. Pffff…. Racontars que tout cela. Chez les autres peut-être, les Ruscofs avec leur Marxisme branlant là en 86, je ne dis pas, mais chez nous monsieur… Quoi ? le Japon. Oui mais hé, tremblement de terre hein, magnitude 9. Tsunami hein… Centrales en bord de mer et tout ça. Pas de ça chez nous hein… Oui, un peu en France, mais pas en Belgique. Quoi ? La Belgique c’est tellement à un prout de moineau de la France qu’un méchant atome tout irradiant il serait sournois et chafouin au point d’échapper aux contrôles aux frontières ? Ah Ah ! Je me gausse, on parle de les rétablir les contrôles pour choper les Tunisiens, alors les atomiques n’ont qu’à bien se tenir !
Hé, et puis, il faut bien avouer qu’apparemment, Fukushima c’était sécurité au rabais et économies de bouts de chandelles à tous les étages, tout ça pour faire du profit capitaliste tout plein. C’est bien les Japonais ça. C’est pas chez nous que ça arriverait, dans nos pays occidentaux qui sont pleins de moralité toute immaculée que ça t’en arracherait des larmes. Pas vrai ?
Mais Seigneur Tout Puissant qui m’émiette les amygdales du bas, au nom de quoi mettrions-nous la bride au progrès ?
Des glaciers qui reculent, des ours qui floculent et des libellules qui t’enculent ?
Des papillons, des abeilles, des pandas, des guépards, des éléphants, des chanteurs de charme qui disparaissent tellement inexorablement qu’au jour d’aujourd’hui personne ne sait encore comment l’exorer ?
Du nucléaire dont on subodore depuis Hiroshima que ça peut avoir des conséquences fâcheuses sur l’appétit des vieux et que pourtant personne ne se sort les doigts du cul pour trouver une autre solution ?
Du fait qu’en Belgique, alors que nos routes sont saturées depuis des années, le développement du transport ferroviaire ou fluvial ça reste peau de zob et que de dix ans en dix ans la SNCB crashe les rares trains qui ont un chauffeur ou qui ne sont pas en grève dans l’indifférence béate des décideurs politiques ?
Comment ? Nous surexploiterions la terre en hypothéquant l’avenir de nos enfants ? Pas du tout d’accord. Si on se débrouille bien, avec notre technologie et tout, on pourra la sucer encore plus loin que la moelle la Terre et on sauvera l’avenir de nos enfants. Bon, c’est nos petits-enfants qui seront emmerdés, mais bon.
Mais allons, allons, messieurs les écologistes, n’exagérez pas.
Vous vous faites les chantres du développement durable. Mais notre développement, cela fait des millénaires qu’il perdure. Pourquoi voudriez-vous que cela s’arrête ?
Comment ? Vous prétendez que notre modèle économique ne pourra se perpétuer qu’en augmentant les inégalités, les tensions sociales, la précarité du plus grand nombre ? Fadaises ! Je reconnais bien là le gauchiste qui sommeille en vous.
Regardez donc la façon dont notre civilisation repart depuis la crise de 2008. On l’annonce partout à la radio les entreprises renouent avec le profit, les actionnaires avec les dividendes et les patrons avec les primes mirobolantes. Et même pour les "petites gens" hein, regardez en Belgique avec "l’accord interprofessionnel", la marge énorme d’augmentation des salaires possible en 2012 : 0,3 % c’est-y pas Byzance ?
Non j’vous le dis moi, ces gauchisses d’écolos ne sont que des extrémisses alarmisses.
Non non non, messieurs les écolos vous ne nous ramènerez pas à l’âge des cavernes. On y foncera bien sans votre aide, comme des grands !