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1 février 2011 2 01 /02 /février /2011 13:56

 

Ode à La Joie 2008

Vin de pays des Côtes de Gascogne

Domaine de Joÿ

P1310008 

 

Vin de pays ! En voilà une dénomination qui fleure bon la belle campagne française, les terrasses, les vacances et les petites exploitations où tout est bon : vin, foie gras, confitures…

Mais bon, les Vins de Pays n’existent plus. Grâce à la "European Acronym sound system", célèbre groupe de RAP genre langage texto (c’est nouveau, ça vient de sortir), un technocratique "IGP" glace les étiquettes en lieu et place d'un "putaing de Ving de pays" ravigorant.

Peu importe, en 2008, c'était encore le bon temps des VDP. Revenons-en plutôt à cette bouteille, dont le nom seul devrait permettre le remboursement intégral par la sécu en ces temps d’incertitudes où nos cités recroquevillées dans la peur sont parcourues par les loups et nos campagnes sillonnées par ces féroces soldats qui viennent vagir dans nos compagnes. Les mufles !

Le pops du bouchon, synthétique et court, est bien triste de froide plasticité, n’étais-je d’une haute valeur morale, mes sens auraient vite fait de cataloguer le vin comme technologique et putassier au seul discrédit de ce bouchon de pacotille. Ce que c’est con un délit de sale gueule.

Dans le verre, cet assemblage de colombard, d’ugni blanc (c’est qu’on tâte de l’armagnac par ici) et de petit et gros-manseng brille et la métaphore serait facile pour le dédaigneux. Genre... ça brille comme une boule à facettes de soirée disco-toc pour nostalgiques à paillettes des années 80. Ca clinque d’or pâle dans le corps et ça te monte jusqu’à l’or bien doré, comme Julien, dans les reflets. Y a du gras et de la lubricité dans les jambes qui se croisent et se décroisent sur le verre.

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Mais moi je trouve ça beau cette pluie d'étoiles, surtout quand la poudre d’anthracite plombe les nuages depuis deux semaines.

Tu vas me dire que ça va péter l’ananas en boîte, pire la macédoine de fruits de supérette.

Mais que nenni, prends donc ton bâton ferré et sillonne la poussière des chemins de Gascogne qui montent vers les contreforts automnaux des Pyrénées.

Ce nez là ne te pète pas à la gueule. Il fait dans la fragrance fine, la modération raisonnable. Je vais même te dire que je suis emballé aussi sec : séduisant, mûr, presque liquoreux. Du fruit et presque que du fruit, et quels fruits : citron, mandarine, nèfle. Mais pas que. Du miel, un peu d’épices et même un soupçon de vanille. C’est que ce blanc a connu la barrique (une barrique de blanc, barrique white quoi…).

 

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En bouche, ce vin montre toute l’utilité de ne jamais commenter un vin sur l’impression fugace d’un seul verre. Alors un fond… Je me gausse pis qu'une courbe de starlette.

C’est que l’attaque grasse et sucrée te fait vite regretter de l’avoir ouverte sur une sole au beurre. En apéro, pourquoi pas. Cependant, une forte et savoureuse acidité de "chique sûre" (tartrique si vous voulez) s’impose lentement mais sûrement. Sur la finale de la première gorgée, sur le milieu de la seconde, puis sur le deuxième verre. C’est que cette acidité vive persiste bien au-delà du vin lui-même, comme un fond musical qui  s’imprime dans une conversation de potes. Du coup ça rachète un peu les "exercices au sole".

Et les arômes rivalisent d’élégance : de l’ananas, pas en boîte, frais et mûr, du citron, de la nèfle, de la réglisse un peu plus fatigante et triste sur la finale. Et ça te tire sur les 10 secondes. Honorable.

Si je n’ai pas fini la bouteille sur le champ, c’est pour vous, lecteurs. Pour que vous saisissiez son évolution dans le temps. Abnégation. Et on critiquera la belle âme des amateurs de vins sur internet !

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Pourtant, bien m’en a pris.

Le lendemain, ça pète de fruit mûr, toujours ceux de la veille. La structure est plus ronde, l’acidité moins présente et alors on sent que ce vin n’a pas la matière des cadors qui valent des pépettes mais qui réjouissent tant nos événements festifs. Je pense notamment au Clos Uroulat. Mais ok, c’est un liquoreux, un Jurançon. Ici, c'est un quart de sec si je puis me permettre l’invention. Et puis OK, c’est léger, facile, gourmand, festif. Ca donne du plaisir tout plein. Et c’est très mal. Mais bon, vous voulez connaître la meilleure ?

La bonne blague ? Et ben, c’est 6,80 €, prix caviste en Belgique. Ah ah, y en n'a plus un qui moufte là, hein mes croquants !

Sinon, pour la bequetance, avec un peu de foie gras sur un bout de brioche, c'était pas mal du tout. Je dirais même que c'était foutrement rapicolant si je laissais mon côté social-démocrate s'exprimer.

Avec une sole fristouillée dans du beurre de ferme avec un poil de poivre et du gros sel, c'était plus qu'acceptable moyennant une longue bavouille de citron sur le poisson plat.

Mais le meilleur accompagnement reste une poignée de sourires de potes autour d'une table.

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commentaires

J
<br /> <br /> magnifique compte-rendu qui donne effectivement envie de se mettre au jardin avec quelques amis,par uns belle fin d'après-midi...<br /> <br /> <br /> Pas de panique,je sens frémir les prémices du printemps;on y vient...<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> jlj<br /> <br /> <br /> <br />
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L
<br /> <br /> Bonjour Jean-Luc !<br /> <br /> <br /> Il est temps. Mon coeur d'homme du nord commence à avoir envie de soleil et de fleurs dans les chemins.<br /> <br /> <br /> <br />

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