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27 mai 2011 5 27 /05 /mai /2011 11:39

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Pour voir les autres articles de ce VdV 36 :

Le blog de monsieur le Président.  

Le blog des VdV

La page facebook des VdV.

 

Il me reste des bouteilles du 20ème siècle en cave. Le problème est que pour la plupart, elles sont là parce qu’elles y ont été oubliées. Alors évidemment, c’est facile d’ouvrir une grande étiquette après 10 ou 20 ans et de faire un compte-rendu sublime. Le Rustre, mesdames et messieurs est d’une autre trempe. Rien ne lui fait peur. C’est qu’il est sévèrement burné le Rustre. Et donc, ça donne quoi des bouteilles plus communes après 10 ou 20 ans ?

La saine lecture de mon blog vous apportera des pistes. Chaussez donc vos bottines et travaillez votre planter de bâton. Important ça le planter de bâton. 

Un morgon de 97 définitivement sexuel.

Un gewurz de 94 qui en avait à redire à bien des plus jeunes, mais il était bien né.

 

Pourtant, aujourd’hui je voudrais vous relater une expérience rigoureusement vraie, tentée avec un ami. Rigoureusement vraie au niveau du nez. Pour le reste j’ai un peu brodé. Faut pas déconner non plus.

 

Beaujolais Nouveau estampillé « Delhaize » 1988. Dégusté en 2006.

 

Un beaujolais nouveau de 18 ans d’âge. Une vraie rareté. Avec un mien ami très cher, technicien en centrale nucléaire, un ingénieur brillant, surtout la nuit, nous avions fait cette trouvaille extraordinaire en explorant une cave qu’il avait rachetée à son propriétaire pour une bouchée de pain rassis. J’étais très excité à l’idée d’ouvrir cette bouteille ancestrale. Car à ce stade, on ne boit plus du vin mais de l’histoire. Songez que cette bouteille avait vu l’accès à la présidence du club de pétanque de Bledouille-lès-bouseux de José Verstraten et la victoire au 100 mètres cloche-pieds de Pépette Lekeu.

Il décida un geste fou. C’était fou fou fou. Mais quand on est passionné, on est un peu fou. Je me suis dit soyons fous. C’est fou, et je me suis envoyé un Perier.

Il décida donc d’ouvrir cette bouteille et de la partager avec moi. J’étais très touché par ce geste d’amitié exceptionnel d’autant plus que la somme qu’il en exigeait était très modique.

Je puis vous dire que j’étais excité, presqu’aussi excité que quand j’avais obtenu aux enchères une authentique bouteille de gris de Toul de 1869. Presqu’aussi excité que lorsque j’avais organisé une dégustation de Vins anciens du Pas-de-Calais pour un cher ami Japonais que j’ai, un homme d’affaire, brillant lui aussi, surtout depuis quelques semaines à vrai dire. Une dégustation organisée au château de la Touffauvent, en présence de personnes exquises, comme le directeur général de la Société des Préservatifs Mammouth, Jean-Albert Belpaire, régisseur du domaine de Logorrhée Contouche et de mon amie la Comtesse de Brulquigneu. Je me souviens, quelle ambiance, quelle folle intimité. Que nous avions pouffé entre gens comme il faut. Les soubrettes passaient à la casserole par bottes de douze. Madame la Comtesse avait des gaz et… mais revenons à notre Beaujolais.

Je convainquis… Qui ? Pas Kiki, non car c’est le kiki de tous les kikis, mais simplement mon ami de me laisser ouvrir la précieuse antiquité avec ma méthode brevetée éprouvée : le tire-bouchon.

Le bouchon présentait un état très acceptable au vu de mes expériences précédentes puisqu’il était vert et gluant et qu’il exhalait des parfums doucereux de chien crevé au soleil dans une décharge. Aussitôt, le parfum de l’histoire s’échappa de la bouteille et vint nous titiller délicatement les narines. Ma femme s’évanouit. Ma grand-mère, qui avait bien connu les tranchées fonçait partout à travers la pièce avec son fauteuil roulant, hystérique, vociférant en postillonnant "les boches sont là, les boches sont là, Gaz moutarde ! gaz moutarde". Mon chien hurlait à la mort. Mon canari se mourait lentement au fond de sa cage.

Mon ami me regarda. Il avait les larmes aux yeux. Moi aussi je dois dire. Ca piquait un peu, il faut le reconnaitre.

-On est dans le carrément bizarre, me dit-il.

-C’est certes là une boisson mâle, convenais-je.

Nous versâmes un peu du précieux nectar dans nos verres de dégustation du 14ème siècle.

La couleur oscillait entre le vert purin et le jaune pipi de deux semaines dans un pot de chambre fêlé. Des particules étranges ne se contentaient pas de flotter mais nageaient carrément au milieu du liquide dont la texture s’approchait de celle d’une morve issue d’une sinusite de trois semaines.

Je humai le vin, tout en maintenant ma narine droite et mon œil gauche qui sont fragiles de ma main droite (geste qui demande une expertise certaine) pour qu’ils ne tombent pas dans le verre. De puissantes effluves d’effluents de porcheries mêlées à des fragrances de dégueulis de mouton avarié, signaient un authentique nectar, une parcelle de grande Histoire, avec les batailles, les charniers, tout çà.

Nous étions à présent seuls dans la pièce ou presque, mon chien étant mort et ma grand-mère poussant ses derniers râles. Quant à ma femme, elle embarquait d’urgence nos enfants dans le break familial. Mon ami pleurait. De joie je suppose.

Je décidai alors, un peu fébrile, de soumettre le vénérable ancêtre au test ultime, celui de la bouche. Boire un vin très ancien est une expérience culturelle, une démarche sur soi et sur le temps qui passe et sur l’estomac qui se révolte. Une fois le liquide réagissant (assez violemment) avec mes papilles et mes muqueuses palatines, je me fis très mal au poignet en tapant dans le mur. Si vous avez vu les bronzés font du ski, vous visualiserez très bien notre attitude à mon ami et à moi dans les minutes qui suivirent ce premier contact. Mon ami avait les yeux rouges et pleurait abondamment.

- C’est étonnant, me dit il difficilement en recrachant le vin et deux dents, avec l’âge, ce beaujolais nouveau est resté très beaujolais nouveau mais il a incontestablement pris une dimension supplémentaire.  

-Ah, çha ch’est shûr que çha ch’est shûr, lui répondis-je, tout en essayant de décoller ma langue de mon palais, le vin ayant tendance à les dissoudre l’une dans l’autre.

-Il y a encore du vin dans la bouteille.

-Oui du vin, mais autre chose aussi, que je n’ose pas dire.

-Aaaaaahhh boire un beaujolpif nouveau de 20 ans et puis mourir .

-Mourir oui. Je ne vois pas comment faire autrement d’ailleurs. Ah maman, je voudrais te voir une dernière fois.

-Il est croquant ce vin. J’ai l’impression de croquer une boule puante. 

Mais la dégustation n’alla pas plus loin, car les verres fondaient à vue d’œil et puis…

Je me réveillai en clinique 8 jours plus tard par une belle matinée ensoleillée.

 

 

Bon trêve de plaisanterie. N’empêche que je m’en souviendrai de ce vin de 20 ans là…

Voici le vin du jour, un rouge de Loire, bonnes gens.

 

Bourgueil, Domaine de la Chevalerie, Vieilles Vignes 1996

 

Cerise 5 

Dans sa jeunesse, cette robe ne devait pas laisser place à l’imagination tant elle est encore quasi opaque aujourd’hui. Sa teinte, grenat foncé avec des reflets oranges et bruns, laisse deviner un âge mûr.

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Les vieux, ça met du temps à se livrer. Mais quand ils causent, on ne peut plus les arrêter. Si à l’ouverture, c’est élégant, ça reste pauvre sur un duo cassis/poivron qui fait un peu soupirer. La patience je vous dis, il n’y a que ça de vrai avec le vin. Après 4 heures, c’est ouvert et expressif : liqueur de cassis et de framboise. Cerise griotte, vanille. Encaustique, camphre, boîte à cigares pour le bouquet. Le tout donne une impression très mûre.

 

La bouche est fluide et fraiche, bien équilibrée, bien tendue. On ne s’ennuie pas.

Les tanins manquent de velouté mais soutiennent encore bien la structure. Question arômes, c’est modéré et élégant à l’ouverture mais là aussi, il faut attendre 4 heures pour voir la relève du poivron-cassis par la griotte, les épices et de nouveau des parfums de type balsamique, de la vanille. La finale sur environ 15 secondes est simple sur le poivron, le fruit noir et l’amertume.

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Le lendemain, si la structure reste plaisante quoiqu’un peu bourrue, l’aromatique s’effondre sur un trucmuche de fruits noirs et de poivronné léger, un peu ennuyeux.

Mais bon, qu’est-ce qu'il disait l’autre ? Ah oui, on ne peut pas être et avoir été. Et le premier jour, il était encore, je puis vous l'assurer.

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13 mai 2011 5 13 /05 /mai /2011 15:41

 

Il est nul, hein, mon titre ! C'est la preuve que j'ai besoin de vacances.

Sinon j'aurais pu vous servir un "Soirée pas si cloche", vu que je vais vous narrez un repas solitaire pris lors du week-end de Pâques.

Je préfère vous prévenir tout de suite. On ne pourra pas me reprocher de faire semblant. C’est déjà ça.

Donc je vous préviens. Les lignes qui vont suivre ne sont pas politiquement correctes. Je ne vais pas vous faire une éloge de l’ivresse. Non plus qu’une apologie de l’ébriété.

Mais quand même.

Le vin est partage. Certes.

Mais je le confesse, alors que ma fête approchait (la commémoration de l'évangéliste qui a inspiré mes parents lors du choix de mon prénom quoi), j’ai eu envie de me faire plaisir. Oui, cette année, ma fête tombait le lundi de Pâques. Je vous rassure, c’est exceptionnel et... Non, je ne m’appelle pas cloche.

Marc. C’est mon prénom. Maintenant que vous savez, vous êtes priés de ne pas l'ébruiter.

Donc remontons le temps. Samedi soir du week-end pascal...

 

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Oui je sais, ce n'est pas très pascal... mais z'avez qu'à moins polluer, il fera moins chaud en avril ! 

Et je suis seul. Je bois et je mange seul. Quelle tristesse ! Quel misérable celui qui boit seul sans partage. Oh que j’ai honte ! Même pas en vrai ! Quelle paix aussi, alors que le soleil mourant tire le rideau d’une journée sèche et brûlante !

C’est qu’aujourd’hui, exceptionnellement sans femme et sans enfants, je vole à la vie le plus précieux des biens : le temps. Pas n’importe lequel. Le temps pour soi.

Croyez-moi, cette denrée-là est des plus rares et des plus savoureuses.

Et je suis là dans la quiétude de mon jardin, par une soirée d’avril exceptionnelle, alors que le soleil rougeoie encore et que des dizaines de merles s’appellent et se défient de leurs strophes flutées. Je suis là à prendre le temps. Celui de regarder, d’écouter, de siroter, celui de vivre et mieux encore, le temps de me sentir vivre. Pouvoir goûter à ça même rarement, c’est une richesse sans prix. Bien mieux qu’une Rolex à 50 ans.

Et tandis que l’air tiédit, la couleur de mes pensées vire au gris. Pas le grisâtre, mais le grisé. Le vin me monte à la tête, un peu. Oh, et que les ligues de vertu aillent se faire foutre, c’est le bonheur de sentir ses nerfs à vifs, toujours tendus comme des cordes, regagner leurs gaines, se lover sur eux-mêmes et soupirer d’aise.

Putain, on n’est pas bien là ?

Et qu’est-ce qu’on boit ?

  

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Un muscat 2007 du domaine Schwartz à Itterswiller.

Jamais entendu parler ? Vous n’êtes pas les seuls. Mais ayant acquis auprès d’un receleur du coin des asperges vertes, je voulais les accompagner et j’ai acheté le premier truc qui venait. Bonne ou mauvaise pioche ? La mention a de quoi faire frémir l’amateur : "cuvée prestige".

La chose est très pâle, presque face de lune. Limpide et lumineux comme il se doit.

Il lui faut un peu d’aération pour donner sa pleine mesure. A la note pure de muscat, s’ajoute une autre note florale qui donne de la fraicheur au nez. C’est agréable.

En bouche, le vin, sec au goût, débute sur la rondeur avant de terminer sur la fraicheur. Avec ses arômes muscatés délicats et purs, le vin donne une impression de légèreté. Il se prolonge sur 15 secondes avec une impression à la fois saline et citronnée.

C’est un vin dont la description n’appelle pas la dithyrambe mais c’est un joli vin sans fausse note, qui tombe là où il doit tomber, qui donne ce qu’il doit donner..

Je l’accompagne donc d’asperges vertes dont une partie est servie râpée, crue, saupoudrée de gros sel, d’huile de colza première pression à froid et d’une pincée (pas plus et petite encore) de thym citron. L’autre partie des asperges est ébouillantée durant quelques minutes pour garder son croquant et servie avec une vinaigrette légère. L’accord est délicieux, muscat et asperges ne s’étouffant pas. Par contre le thym citron et le muscat se renforcent. Excellent.

P4280089Une étiquette reconnue et primée par la fondation Rémy Bricka.

Et avec le carpaccio, habitué de mes rares soirées solitaires, puis le petit steak grillé (cornes de gatte, oignons grillés, saupoudrage d’herbes du jardin), je m’ouvre un monument. C’est un vin étiqueté "Nature". Comme dirait un célèbre guide, la civilisation n’a qu’à bien se tenir. Moi, le sans soufre et compagnie, je ne suis ni pour ni contre. Je suis pour les bons vins. Et là mes petits amis…

 

C’est Jadis 2005, du domaine Barral. Un Faugères pour ceux qui ne boiraient que du mouton-Cadet.

P4280092On ne dit pas Jadis, on dit Il était une fois.

Noir c’est noir, opaque, chante Johnny. Il ne dit pas opaque dans la chanson. Certes, mais ses déclarations le sont parfois.

Un nez profond, puissant, évident de gelée de cassis avec des épices, de la mûre très mûre.

En bouche, une structure équilibrée avec des tanins relativement puissants encore mais fins (juste un peu secs), une matière veloutée et aromatique de gelée de cassis, de mûre, framboise, des volutes musquées, qui se faufilent de la gorge au nez, des épices enfin. Et le plaisir se prolonge sur une vingtaine de secondes, pas mal quand même. L’ensemble dégage une fraicheur redoutablement soiffarde

Un vin excellent de par la profondeur et la puissance de ses arômes, l’équilibre de sa matière. La puissance et l’élégance en même temps.

Et la soirée se passe comme un souffle, comme une brève étincelle, comme le battement d’ailes d’une éphémère amoureuse aux rayons de la lune (oui ben du calme, un peu gris OK, mais là ça fait un peu Joint Ville).

Le lendemain, mes enfants et mon épouse sont de retour. Le capharnaüm et la joie s’installent à nouveau. Le bonheur n’a pas qu’un visage. Heureusement, sinon je ne serais qu’un vieux pochetron solitaire et acariâtre.

 

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Le sang a coulé à OK Barral.... Vacances vous dis-je !

 

Et les vins que sont-ils devenus ? Surtout le Barral qui a la réputation d’être instable et que j’ai conservé dans ma cuisine au tiède ?

Le muscat reste pareil à lui-même sur deux jours : certes variétal mais élégant, sans faux col comme dirait Lucky Luke quand il commande une chope.

Quant à Jadis, vous ai-je déjà dit que ce n’était pas mieux avant ?.

Boire Jadis un lendemain, ce n’est pas pour me déplaire, mais le boire un surlendemain, cela tient du téméraire.

A la profonde senteur de gelée de cassis s’impose un chaud parfum épicé de garrigue et de laurier, une note légèrement camphrée et un trait légèrement cireux qui donne de la classe à l’ensemble.

En bouche, c’est le même élan aromatique. S’y ajoute un petit côté viandox roboratif. La marque de la structure, c’est la fraicheur, la légèreté et l’équilibre. Par contre, les tanins se sont réveillés, fins mais plus puissants qu’au premier jour, asséchant agréablement la bouche. La matière respectable habille les papilles. Pas d’alcool perceptible et une longueur considérable qui dépasse les 25 secondes, avec des parfums floraux et de l’amertume complètent le beau tableau. En d’autres termes, le vin s’est ouvert et complexifié.

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Alors s’il vous plait, laissez-moi manger ma banane !

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29 avril 2011 5 29 /04 /avril /2011 07:43

 Cerise 5

 

Rotenberg 2009 pinot Noir, Vincent Stoeffler.

 

La première mauvaise langue qui me sort qu’on ne fait pas de bons rouges en Alsace aura droit à une nuit d’amour avec l’illustre Nicodème–Abélard Leruth. Ou avec ma muse. Pour ceux qui ne suivent pas, ma muse, c’est Rika Zaraï.

On crée depuis des années des pinots noirs qui méritent qu’on tombe transis d’amour par là-bas. Rhhhâââ lovely. Et le millésime 2009, me semble-t-il , n’est pas en reste. Sur le Rotenberg, Vincent Stoeffler crée régulièrement un vin solaire aux accents Pagnolesques. Trop sudiste à mon goût même parfois.

Ici, la robe foncée reste translucide, mais vous ai-je déjà dit que selon moi, c’est la moindre des politesses pour un pinot soucieux des règles de bienséance propres à la belle civilisation du vin Française? Celle-là même qui recule quand le vin nature sent le… enfin d’après un critique Français très connu.

Le nez est carrément aromatique sur la cerise, la cerise bien noire et juteuse qui sent bon l’été et les roulades dans l’herbe en accorte compagnie. Un peu de melon très mûr (et là, tas de rustauds mal dégrossis, il n’est plus question de se vautrer dans l’évocation herbeuse ci-dessus, rapport aux attributs de l'accorte) et d’épices comme euh... d'épices donc,  complètent ce nez simple, évident mais tellement gourmand.

En bouche, la cerise nous en remet une couche. Les tanins, très fins et en retrait laissent un vin rond, gouleyant, facile et gourmand. La longue finale d’environ 15 secondes est fraîche et termine un vin qui, malgré tout, nonobstant carrément, avec sa jolie matière aromatique, marque agréablement et durablement le palais et les souvenirs.

Le lendemain, sur les quelques lampées qui avaient échappé à la vindicte de nos soifs jamais étanchées, on note un peu de violette en attaque, très expressive, de la bonne framboise pinotière, des cerises toujours, des épices encore, et une matière plus stable et impassible au temps qui passe, qu’un évêque catholique face à une affaire de curé tripoteur.

Voilà un Rotenberg qui me fait furieusement penser au 2005, en plus aimable et un peu moins complexe peut-être. Mais c’est de la bonne, mon vieux Roger.

 

Chardon et papillons

  

Riesling Vieilles Vignes Mulhforst 2009.

 

Voilà un vin qui annonce la couleur. Pas tellement au travers de son minois limpide et brillant coloré de paille blonde, mais surtout par les larmes épaisses et nombreuses qu’il laisse trainer sur le verre.

 

Tussilage 2

 

Le nez est un carnaval à Rio mes petits amis. Aromatique, ça t’envoie à la pelle des fleurs en bouquet, que même un vainqueur d’étape au Tour de France en serait jaloux (jaloux au point de pleurer sur l’épaule compatissante de son pharmacien), des agrumes, du citron je dirais, de la muscade et du thym et un agréable parfum de rucher, vous savez, un truc qui sent autant le miel frais que la cire.

Comme souvent quand c’est écrit vieilles vignes sur la bouteille, c’est un demi-sec. C’est connu, les vieilles, elles sucrent leurs fraises. Un demi-sec qui reste très frais de bout en bout et même vif en finale. Ce qui fait, qu’avec des rillettes et quelques tranches de brioches tartinées de foie gras en terrine, mes petits-amis, notre vainqueur du tour de France là, il change de pharmacien pour en prendre un du sud-ouest.

D’autant plus que non seulement la finale est vive, mais aussi saline et traine au-delà de 20 secondes. Les arômes sont pareils à ceux du nez. Vous voudriez pas de la fraise du Boukistan Occidental et du chinchilla en plus non ?

Et le lendemain, mes petits amis, le vin est pris d’absence, ne goûte plus rien, devient invisible. Normal la bouteille est vide depuis la veille.

Que dire, si ce n’est que ce vin est délicieux et qu’il ne m’a pas laissé indifférent.  Ah je sais, ce que je dirais : remettez nous la même chose !

 

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Et qu’est-ce qu’on dit au rustre que c’est qu'il est resté aussi concis que six abrutis ? Merci Monsieur Le Rustre. De rien mes enfants. Allez dans la paix du Christ Pascal et prenez les escaliers à l’Ascension, mon vieux Roger.

Tiens en passant… l’Ascension, c’est bien le jour où on remet le maillot à pois au Christ ?

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15 avril 2011 5 15 /04 /avril /2011 09:52

P7030016 - Copie

 

Le site du château ici :

http://www.exindre.fr/index.php?page=index

 

Dans l’Hérault, au Pays des Etangs, non loin de Frontignan et de Palavas-les-Flots, le Château d’Exindre, produit un des meilleurs muscat que j’ai jamais goûté dans la commune de Villeneuve-lès-Maguelone. La version 2005 du breuvage était quelque chose d’opulent, suave et léger à la fois. Je ne parlerais pas de fraicheur, mais quand même on est loin des sirops alcooleux que peuvent devenir ces breuvages bien souvent.

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Le château a un vieux passé viticole : villa romaine puis franque, on y trouve des vignes au moins depuis 1100 et des crottes d’âne. Le pot de chambre qui orne les étiquettes, ce sont des fonts baptismaux de la Paroisse de La Magedelaine qui sont ornés d’après google de motifs d’inspiration wisigothe. C’est pas comme à Bordeaux, où ce qui motive les agissements ce sont plutôt des motifs d’ostrogoth.

Quelle ne fut pas ma surprise, en passant dans une grande surface du nord du Luxembourg (Massen pour ceux qui connaissent) d’y trouver pour 7 euros et des poussières, le muscat et le Languedoc du domaine. Prenons et gloutons qui s’est dit Le Rustre.

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En coteaux du Languedoc

Magdalia 2006

 

D’après le site du château, il s’agit principalement de vieux carignan et de syrah avec une pointe de grenache.

Au milieu d’une mer de larmes, la robe est invraisemblablement opaque, noire de noire. Il y a bien un peu de grenat sur la tranche, tirant sur le brun mais sinon plus d’espoir devant les portes de ce pénitencier.

Le nez est d’abord réduit, pas comme un cagibi avec des vieilles chaussettes rassurez-vous, mais ça sent le truc qu’on vient d’ouvrir et qui n’a pas encore repris de l’air. C’est sans fruit, mais avec des épices.

Puis, après une heure d’attente fébrile, ça s’ouvre joliment avec des impressions de fruits noirs confits, de girofle, d’oxo, de marinade, de sauge. Le tout est mesuré. Je parle bien d’impressions parce que l’arôme, il faut le débusquer. C’est assez plaisant et à l’aération un soupçon de violette égaie le tout.

Ne serait-ce les tanins virils, poilus et râpeux qui pour un peu prendraient l’accent rocailleux du sud, le vin est plaisant en bouche : rond sans excès, bien équilibré par une acidité fine qui relève la finale. C’est juste un poil trop alcooleux à mon goût. Ca exprime la discrétion mais quand même on ressent la griotte et le cassis très mûrs et même bien cuits, les épices de la garrigue. Il y a aussi une forte amertume finale un peu dans le genre d’un digestif aux plantes Italien qui accompagne le grain de café sur 15 secondes.

C’est typé sud et il faut aimer. Je trouve ça plaisant sur un moment, mais point trop n’en faut tout de même à mon palais de chochotte nordiste.

Sur deux jours ensuite, la structure ne va guère bouger mais les arômes vont se noyer dans le vague d’un brouillard de fruits noirs épicés trop mûrs.

 

Muscat de Mireval.

 

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Voilà bien une de ces appellations qu’on se demande mais d’où tu viens doudou dis-donc ? Ben à côté de l’appellation Muscat de Frontignan pardi. Ha bon ?

S’étendant sur les communes de Mireval et Vic-la-Gardiole, le vignoble de muscat à petits grains se tape le cagnard méditerranéen mais aussi le vent du large (et nous savons tous ce qui se passe quand le vent du large arrive depuis Pompon et la classe). Ca c’est d’après wikipedia. Maintenant soit Villeneuve fait partie de l’aire d’appellation aussi soit le château d’Exindre a des vignes sur une autre commune. Vous savez quoi ? je crois que ce n’est pas très important.

L’important, c’est que le muscat, son rendement de base doit être de 28Hl/Ha et que les sucres à la cueillette doivent afficher un taux de vignes de 252 g/l minimum. A moins que ce ne soit le contraire.

Encore un mot historique à propos de ce bon vieux Rabelais qu’on met à toutes les sauces dès qu’il s’agit de pinard ou de gaudriole. Mais le gaillard nous livre une des plus vieilles mentions des vins de Mireval lorsque passant à Montpellier vers 1520, il dit y rencontrer "bons vins de Mirevaux et joyeuse compagnie". Puis à Avigon il déclare y croiser des "femmes qui jouent volontiers du serre-croupière parce que c'est terre papale". Quel rustre celui-là !

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Vent d’Anges 2008.

 

Du muscat à petits grains cueilli au vent d’octobre. Et non Gilbert, les touristes sont partis mais ce n’est même plus en septembre, va t’en donc cueillir tes oranges.

Voilà de l’or franc qui donnerait envie d’être riche. C’est très lumineux, cristallin avec des larmes drues et grasses qui donneraient envie d’être gros (d’après ma femme mon envie est comblée…).

Le nez est aromatique mais sans excès, franc et très fruité, on joue entre le pamplemousse rose entêtant, la poire et le raisin sec. Il y a un fond muscaté. Une vraie gourmandise.

C’est suave, sucré, moelleux. Et absolument ni alcooleux ni lourd. C’est de la crème en bouche, veloutée et grasse. Cependant, inexplicablement, la matière reste légère. Une gourmandise avec des arômes expressifs de muscat , de raisin sec, de melon très mûr, d’épices et de réglisse. Et la longueur court sur un bon 25 secondes.

Un délice gourmand, pur qui se prolonge sur deux ou trois jours sans rien perdre de sa superbe.

 

Le Vent d’Anges 2005 m’avait laissé une sacrée impression aussi. Il est décrit dans cet article qui date d’il y a plus d’un an. C’est le troisième vin décrit.

http://lerustre.over-blog.com/article-cinq-douceurs-en-hiver-cinq-rayons-de-soleil-45628781.html

 

Je vais vous dire mas petits amis, ce vin là me ramène à ma passion pour le vin loin des discussions de tortionnaires de diptères du style "le fruité est-ce vulgaire ?", "la minéralité est-ce que ça existe ?" et "la complexité c’est quoi ?"

Non, ce muscat là te rive sur une chaise, sur une terrasse, au soleil avec des amis qui rient et des enfants qui courent. C’est la magie d’un fruit qui parvient à te mettre du pamplemousse rose, de la poire ou d’autres arômes entêtant dans un jus qui n’en a jamais contenu, du pamplemousse ou de la poire. C’est le bonheur quoi.

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25 mars 2011 5 25 /03 /mars /2011 06:42

 

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« L’idée est d’associer, une fois n’est pas coutume, une seule et unique photographie qui vous tient à coeur à un souvenir ‘vinique’. C’est une sorte de micro-blogging pour gens pressés qui souhaitent être émus en une image et quelques lignes. Cela demande à chacun de puiser dans ses vieilles boîtes à photos et autres souvenirs sensoriels et de composer un poème, une courte histoire, une blague même, qui accompagnera l’image choisie.

Nous aurons ainsi un album photo des instantanés ‘vins’, des instants magiques qui marquèrent -que dis-je?!- qui firent cette blogosphère! »

 

Voici comment Pauline Boet du blog EyesWineOpen nous a invité pour ce VDV 34

http://eyeswineopen.wordpress.com/2011/03/15/vinstantanes-vendredis-du-vin-34/

 

Voici ma photo. Pour moi, elle résume tout : ma vie, mes passions, mes combats, mes fêlures, ce qu’est le vin dans mon imaginaire. Mais je ne vous en dirai pas plus. Pas sur cette photo. Vous ne saurez rien. Et j'aurais pu vous en mettre 200 des photos. Une vie, une passion, ça ne se résume pas à une image.

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Ce VDV est pour les gens pressés. Je n’écris pas pour les gens pressés.

Je hais les gens pressés.

Les gens pressés portent sur leurs épaules une part des miasmes de ce monde. Il faut oublier ses urgences, poser son cul sur une souche et voir, entendre, comprendre. Distinguer ce qui est fondamental à nos âmes et ce qui ne l’est pas. S’arrêter pour reconnaître la brise si fugace qu’elle manque à nos vies quand on l’a ratée. Voler des instants de contemplation à nos existences aveugles. Les gens pressés ne font pas ça. Je développerais bien, mais vous êtes pressés.

En plus les gens pressés, ça ne lit pas mon blog, les billets sont trop longs. Et ça, c’est inacceptable !

Bon... je vous laisse, je suis pressé. J'ai un citron sur le feu.

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23 mars 2011 3 23 /03 /mars /2011 12:05

 

Le Kirchberg de Barr est un terroir marno-calcaire du Bas-Rhin dont nous avons déjà parlé dans cet article de 2010.

http://lerustre.over-blog.com/article-le-kirchberg-de-barr-49020882.html 

En mettant la touche finale à cet article, je tombe sur ce superbe article de Pierre Radmacher qui me fait sentir bien poisseux. Je vous invite à le consulter de toute urgence :

http://pierre.radmacher.over-blog.com/article-le-kirchberg-de-barr-selon-jean-daniel-hering-69460388.html

Dans ma description du terroir, il manquait celle des vins. Je répare en compilant ici mes dégustations présentes (automne et hiver 2010/2011) et futures. Sauf exception signalée, les vins sont dégustés seuls (les vins, pas forcément moi, comme le dénote le pluriel à seul), sur plusieurs jours, avec et sans repas. Seuls les accords notables ou à éviter sont signalés. Mes dégustations portent essentiellement sur des vins du domaine Stoeffler, mais dans les mois à venir l’article s’enrichira de vins des domaines Klipfel et Hering.

Les dégustations sont triées par cépage, puis par domaine.

Et vous verrez que pour une fois, je vais tenter de rester sérieux, plus ou moins.

Plus ou moins.

Par contre je ne peux m'abstenir de quelques divagations visuelles. Ces vins de lumière, surtout quand je les bois en hiver m’évoquent immanquablement la féérie neuve d’un printemps bourgeonnant. C’est le thème photo de cet article.

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Le terroir marno-calcaire du Kirchberg est censé marquer les vins de son empreinte. C’est une vieille mythomanie de l’amateur de vin que je suis de pouvoir dire un jour en buvant un vin "ah, celui-là, il vient de là bas". Dans la plupart des vins qui seront décrits ici, on trouve un incontestable air de famille.  J’ai recherché sur le net quelles pouvaient être les caractéristiques de ces vins et si ça correspondait à mes propres sensations.

Le site "Portail Alsace Vignoble" nous dit : "Comme d’habitude, les marnes apportent de la puissance et de la structure au vin. Dans l’assemblage avec le calcaire, les cuvées font état d’une belle acidité longue et complexe." et encore que "les vins sont généreux, long dans leur jeunesse et vieillissent admirablement (7 ans pour atteindre l'apogée) en minéralisant."

Quant à Michel Bettane en 1994 dans son guide, il déclare "D'intenses arômes minéraux marquent le Riesling, tandis que le Gewurztraminer développe un bouquet transcendant d'épices, de rose et de litchi…"

 

Les domaines dégustés.

 

Je vous les présente succinctement pour information. Les données quant aux méthodes culturales sont là à titre informatif, sans prise de position philosophique ou autre.

http://www.vins-stoeffler.com/fr/domaine.htm

 

Domaine Stoeffler, rue des Lièvres à Barr.

Les Stoeffler sont œnologues de formation. Issus de familles vigneronnes, ils sont à la tête d’environ 13 Ha répartis sur une floppée de terroirs autour de Barr et de Ribeauvillé. Leur parcours les a menés d’une lutte raisonnée au bio certifié depuis 2000. Depuis leurs pratiques culturales s’approchent de la biodynamie qui n’est pas encore revendiquée officiellement. Le prix des grands crus du domaine oscille à l’heure actuelle autour de 11-13 euros, sauf pour le pinot noir XXC qui gravite un peu en-dessous de 20 euros. Le domaine est donc officiellement en BIO (contrôle ecocert et tout) avec labour, compost, utilisation de bouillie bordelaise, tisanes d’ortie et de prêles)… En cave, le vigneron privilégie les levures indigènes, les doses minimes de soufre (il sort même cette année quelques essais en cuvées sans soufre ajouté).

Des avis sur le domaine sur le forum LPV... 

 

Domaine Hering.

http://www.tyflo.org/cahier-des-charges-viticulture.php

http://www.vins-hering.com/Domaine-Hering-Vins-Alsace-vins-de-qualite/

A la tête de 10 Ha sur Barr comprenant des grands crus ou encore le Clos de la Folie Marco, c’est une vieille famille de vignerons dont l’accueil charmant au domaine est toujours un plaisir. Le domaine situé au centre de Barr suit le cahier des charges Tyflo, fort développé en Alsace. C’est de l’agriculture "raisonnée". En Belgique, on appellerait plutôt ça "démarche intégrée" : minimiser les traitements systémiques par application de divers moyens de lutte "naturels" : comptage et surveillance des nuisibles et foyers d’infection fongique, lutte biologique (phéromones, bacilles, guêpes parasites…), ce qui ne veut pas dire, loin de là, qu’on est en bio (voir cahier des charges tyflo ci-dessus).

Le prix des cuvées oscille entre 12 et 15 euros.

Avis sur le domaine sur le forum LPV. 

 

Domaine Klipfel.

http://www.klipfel.com/

On ne présente plus aux Belges ce vigneron qui vendange 40 Ha de vignes aux alentours de Barr. Un domaine historique, dont la réputation n’est plus au top chez les amateurs pointus. Peu de précisions sur les options culturales et à la cave sur le site. Mes bouteilles proviennent d’une célèbre chaîne commerciale à prix rouges de Belgique. Les prix tournent aux alentours de 12-15 euros.

Et de nouveau l'avis des internautes sur LPV... 

 

Allez… assez causé, servez les canons.

 

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1. Les Riesling.

 

Chez Vincent Stoeffler.

 

Millésime 2000   

La robe : La blondeur d'une paille pas encore tout à fait mûre. C’est cristallin et brillant. Un régal pour l’œil à longuement apprécier sur une terrasse, au soleil tendre du printemps. Notez que le bouchon était totalement imbibé. Moi aussi, mais pas au même moment.

Le pif est expressif, ce qui veut dire dans mon sabir que les arômes sont facilement reconnaissables. On est dans le registre des agrumes mûrs avec nettement du pamplemousse rose et du citron confit. On notera aussi la fleur de tilleul et pour enrichir ce fruité d’une jeunesse moqueuse, de la naphte (manière écologique de dire pétrole, et puis huile de roche fait un peu prétentieux), de la belle cire d’abeille, des épices et un côté fumé. Je plaisante avec le pétrole mais en fait c’est très léger, une note voisine de la cire mais pas tout à fait semblable.

La bouche : Voilà un sec, frais, bien tendu (et je n’ai pas dit un jeune organe bien raide), de bout en bout avec une finale, vive, longue, citronnée, marquée par de beaux amers, de plus de 20 secondes. Il y a même une impression tannique sur cette fin de bouche. La matière est pleine, veloutée, dense. Les arômes sont expressifs , fruités, avec des agrumes et une composante végétale/florale qui évoque le tilleul et la fougère.

Le lendemain : Le vin ne change pas beaucoup du côté structure alors que les arômes se tournent plus vers la cire, la naphte et le miel.  

Impression générale : Un vin superbe à mon goût : long, complexe, subtil, harmonieux. Par contre l'impression saline habituelle sur la finale des Kirchberg ne m'a pas marquée. Le jeu du temps ? A noter que 2000 est parfois décrié en Alsace comme étant trop mou.

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Riesling Cuvée XXC 2005

Un vin refusé à l’agrément. Pour je ne sais plus quelle raison. XXC, c’est un jeu de mot latiniste qui vaut bien les miens. Il faut prononcer Vincent.

L’habillage : très beau, avec une intensité très faible mais nettement or avec des reflets un peu orange. Du cristal, de la lumière. On est bien.  

Au nez : sans fausse note. Un riesling élégant et modéré : tilleul, citron, craie, cire légère, fruits jaunes mûrs. Et au-delà, une nette tendance épicée. De l'orange apparaît à l'aération.        

La bouche est grasse et vive à la fois. Tendue, pleine, très saline et vive en finale. Arômes modérés mais nets et agréables : kyrielle d'agrumes : citron, mandarine, orange. Laurier, thym, abricot, touche florale (ces derniers arômes n’étant pas des agrumes. Non, mais on ne sait jamais). Je crois sans peur de me tromper qu’on peut qualifier ce vin d’exubérant. La finale longue (dans les 15 secondes, j’ai compté sur mes doigts) et vive, est pleine, citronnée et épicée. Je note aussi en avalant le vin, une légère réglisse et une  impression un peu tannique et amère.

Le lendemain : Si les arômes se simplifient, (agrumes citronnés et épices), ils gagnent en éclat. La structure ne bouge pas. Le trio gras, vivacité, salinité reste harmonieux même si l'acidité finale augmente un peu.

Impression générale : Un vin excellent, classique des bons Kirchberg de la maison (pas 2006 quoi) avec des arômes d'anthologie. Peut-être le plus riche. Quand il était jeune, ce vin était un peu alcooleux. Je n’ai pas ressenti ce problème ici.

 

Millésime 2006

Comme les précédents, ce vin est d’abord un régal à regarder : de l’or dans un verre, de la lumière liquide.

Pour le nez, même s’il est moins complexe que le 2000 et le 2005, ça reste expressif, partagé entre les impressions florales et fruitées : agrumes, fruits exotiques, tilleul et miel. Plus subtiles, pas désagréables, je devine du camphre, une note végétale, de la cire.

En bouche, même si je suis un gentil et qu’on reste au-dessus du vin d’opérette de superette, c’est quand même pas le grand transport des sens. Des miens en tout cas. Même si le vin garde une certaine fraicheur, c’est la rondeur qui domine, voire une légère mollesse. Les arômes sont modérés et un peu brouillés : fruit mûr (agrumes et pêche), du miel, une finale moyennement saline sur 12 secondes avec l'éternelle réglisse des Stoeffler jeunes (hé je parle des vins les gars je n’ai s… bon, on avait dit sérieux. Vous imginez qu’un dégustateur avec patente tombe là-dessus, il va encore dire que la bloglousphère est régressive).

En 48 heures cependant, le vin change beaucoup. Si le nez s’éteint, la bouche, mystérieusement devient éclatante : orange, noisette, tilleul et une finale où s'ajoutent la réglisse assagie et le menthol. Sur environ 20 secondes. La structure est veloutée, épaisse, ronde, ample mais tendue et nettement saline. Malgré tout, le peu de fraicheur perçue suffit juste à sauver de la lourdeur mais ne ravira pas les amateurs de vins vifs et même pas moi en fait.

Un peu déçu par la rondeur. Sinon c'est un joli quart de sec mais ça ne m'embarque pas. C’est nettement le moins bon de la série.

 

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Millésime 2008

Goûté chez le vigneron : Un vin clair et lumineux à l’acidité impressionnante . Ce genre d’acidité qu’on a envie de dire "aboutie". Un vin droit, long, élancé. Plutôt magnifique dans la structure mais monacal dans ses arômes.

 

Millésime 2009.

Goûté chez le vigneron. Il ressemble au 2005, en plus harmonieux, en plus léger. Assez exubérant au niveau aromatique par rapport à 2008, il ne me marque pas par l’acidité.

 

Chez Jean-Daniel Hering.

 

Millésime 2007.

 

Un petit morceau de lumière étincelante, un boisseau de grains de blés mûrs à reflets or clair.

A l'ouverture, le nez embaume non pas l’atome mais le pétrole, preuve qu’en France, ils n’ont pas que des idées. Puis de discrètes notes de fruits à chair blanche, de pêche osent s’exprimer. Cependant, l’ensemble est peu causant, assez fermé.

Amateurs de la chose (vous allez voir quelque chose, comme dit mon beau-frère en y allant), voici un vin qui se goûte parfaitement sec. On a un joli équilibre porté par une grande fraîcheur. La texture est veloutée, la finale d'une jolie acidité, accompagnée d'une légère salinité. Par contre, on ressent une élégante amertume. Côté arômes, c'est modéré : miel, légèrement pétrolé, épicé, citronné, réglisse avec une longueur de 15 secondes.

Le lendemain, la vidange a fait du bien (comme dit mon beau-frère en revenant). Plus ouvert avec un joli nez, citronné et floral et un côté épicé et une touche de pierre mouillée, au nez comme en bouche. La structure reste longiligne, droite avec une belle acidité doublée d’une salinité émoustillante et d’une amertume agréable.

Même si ce vin semble renfrogné, j’y crois dur comme fer (comme dit mon beau-frère quand… non non Le Rustre, et l’image de la bloglousphère alors ?). Sa structure et son équilibre sont de petits bijoux à cultiver à l’ombre d’une cave.

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Chez les Klipfel.

 

Millésime 2007.

Très pâle, "tilleul" (comme l’infusion, pas le castor dans Yakari), avec ses reflets verts et sa limpidité et sa luminosité parfaites, je parlerais de robe printanière.

A l'ouverture, c’est expressif, sur de beaux agrumes mûrs, du tilleul et un indéniable côté "cailloux". Rhââ, j’aurais bien dit un nez minéral pour faire "in the mood", mais je peux pas m’y résoudre (mood résoudre, rime pauvre, j’eus écrit "in the moudre", j’entrais à l’Académie ou au moulin). Après quelques heures, des notes de sureau et d'aubépine juste dosées pour donner un petit côté muscat apparaissent. C’est un plaisir ce pif. C’est un cap, voire une péninsule.

Si la matière est veloutée en bouche, l'acidité est vive et salivante. Une superbe acidité qui porte et tend le vin. La salinité est évidente, surtout en finale. Certains diraient minéral. Et là, je veux bien à moitié les suivre (s’ils sont propres sur eux et paient cash). Voilà un vin avec une trame qui assèche agréablement le palais et titille les papilles au point qu’on en sourcille. Ce vin est une structure. Côtés arômes, c'est savoureux mais pauvre et fermé : naphte à l'ouverture puis citron, épices, cailloux mouillés avec une longueur de 15 secondes pour l'aromatique, beaucoup plus pour la structure.

Ce vin est d’une tenue remarquable, contrairement à moi,  avec un vin pareil à lui-même sur 2-3 jours.

Hé ben, mes p’tits amis, ça reste de la belle ouvrage ce p’tit machin. ses soeurs vont faire dodo un certain temps.

 

Bon, c’est long hein… passons au cépage suivant.

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Les Gewurztraminer

 

Puisque, paraît-il c’est le cépage roi du cru. Et évidemment, quand le monsieur du blog dit ça, on ressent comme une odeur de gaz pour la suite.

 

Chez Stoeffler

 

Millésime 2005

 

La robe est assez peu intense mais avec des nuances de jaune franc, des reflets or. Les larmes visqueuses sont presqu'immobiles.

Le blaire (redrum, redrum... ah non, c'est pas Linda ça) est expressif et un peu réduit : craie, sureau, rose, un peu épicé. Loin de l'explosion aromatique à l'achat. Vous pouvez ajouter au panier, des fruits mûrs genre abricots.

Le pépère frise le moelleux mais avec une matière légère, une pointe de fraicheur finale, une certaine salinité et beaucoup d'amertume finale. Ca peut sembler positif, pourtant je conseille de le boire frais, sinon, le côté alcooleux est un peu lourd. Ca frétille assez des papilles avec de la rose, du fruit mûr : pêche, mangue un peu. C’est très épicé : laurier, poivre blanc, réglisse. Et tout ça se prolonge sur 14 secs.

En 48 heures, je ne note pas beaucoup d'évolution : agrumes, roses, épices plus confuses, réglisse. Plus moelleux, plus franc. Un peu chaud si pas frais.

Si il n'est pas décevant du point de vue aromatique, pour la structure, c'est pas une merveille, pas assez moelleux, pas assez sec mais pas demi-sec non plus. Un peu mou, il devrait boire Vittel et bouger. Bof… Je suis quand même déçu par ce vin qui à sa naissance explosait d’arômes et avait une bonne tenue.

 

Le Clos Zisser chez Klipfel

Millésime 2007.

Encore du jaune pâle. De la lumière, des larmes grasouillettes comme un mois sans Montignac.

Le nez fait dans l’ultra classique gewurztraminérien (vous les entendez les Vals qui rient ?) mais sans les épices, ce qui est quand même un comble quand on se dit gewurz. C'est plutôt la version sureau , un peu réduit, un peu prout de chien constipé, pas très engageant, et très triste et ennuyeux.

La bouche paraît sucrée, ronde, moelleuse, soyeuse avec une petite bulle picotante étrange. Ce n'est pas lourd pour autant mais plat et mou. A l'aération, les arômes semblabes à ceux perçus au nez s'améliorent, allant vers la rose, une fleur de sureau plus légère, la réglisse en finale. Ce n'est pas le grand soir, y a pas à manger et à boire. La longueur assez courte (oh qu’elle est neuve celle-là) est d'environ 10 secondes. La finale amère est très légèrement saline.

Et en plus, il bouge pas le lendemain.

Le terroir... pas commode à trouver là-dedans, il est dans le tiroir du fond à mon avis, sous les slips et les chaussettes. Et presque 14 euros quand même le mec… 

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Les pinots gris.

 

Je vous le dis d’entrée, le pinot gris et moi, on ne partage pas souvent les mêmes opinions. On n’est pas très potes…

 

Chez Stoeffler.

 

Millésime 2004.

Je ne repeindrais pas mon plafond avec ce vin. Sa paille dorée est trop peu intense pour ça. Peut-être m’en servirais-je comme lustre tant il est cristallin et lumineux.

J’ai toujours eu du mal avec le pif des pinot gris. Celui-ci, j’y fourre le groin avec application pour en ressortir des impressions sur lesquelles je peux mettre des mots. Il faut avouer qu’on navigue dans le subtil, le peu reconnaissable et que ces notes sont des approximations pour atteindre la réalité : des notes de fruits très mûrs, d'agrumes, d'amandes, une note complexe genre argile mouillée aussi. Peut être un peu d'abricot. Mouais, quand ça commence à ressembler à une liste de courses comme ça, il vaut mieux résumer par riche, mûr et fruité. Il y a aussi, plus net en agitant le verre, un côté fumé/ réduit/ soufré pas très agréable. J’appelle ça "le prout de chameau" et je le sens régulièrement dans les pinot gris.

En bouche aussi, ça commence par une manœuvre orchestrale dans le noir (ne t’étonnes pas du gros machin de ton voisin dont tu te sers comme archet). Le vin doit respirer 4 à 5 heures pour laisser échapper (comme au nez) des notes réduites d'abord, puis causer plus fort qu’une Annie Girardot encore en pleine forme :  des notes expressives de fruits mûrs, de peaux d'agrumes, de citron confit et d'épices. La structure grasse est légèrement marquée par les sucres résiduels, la rondeur. Mais une vivacité magnifique emporte le milieu de bouche et la finale, longue de 15 secondes et citronnée. La matière manque un peu de consistance et de salinité.

Il en faut du temps et de l'air pour que s'exprime ce vin à sa pleine mesure. C'est sur un dernier cinquième de bouteille et trois jours après ouverture que le vin parle vraiment. Exit la note désagréable de prout de camélidé. Le nez éclate sur la confiture d'orange, la nectarine et une jolie petite note de champignon et même un soupçon de jambon fumé. En bouche, c'est plus confus mais bien mûr avec une lonnngue finale marquée par la mandarine et la vivacité. L'équilibre entre rondeur et belle acidité est émoustillant au possible. J'en ai le palais retourné.

Bref, bon après quelques heures, très bon après 5 jours, le vin à l'ouverture est fermé, trop réduit, bref loin de se révéler. Et donc, moi je laisserai dormir mes deux autres bouteilles en cave.

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Chez Klipfel

 

Millésime 2007

Encore un pâle robe des champs, de la paille blonde avec reflets verts, de la lumière, du gras.        

Ouf ! Il cause de suite au moins, lui, mais il fait dans le classique. Il  très mûr, fruité, pur et élégant. Pour une fois, j'apprécie sans cette nuance réduite commune à tant de PG. On court entre l'abricot, la poire, les agrumes. Pour corser le tout, une nuance fumée et épicée accompagne les fruits. Et à l'ouverture, un net parfum de cannelle me déroute.

La bouche ne triche pas : ronde et suave, elle ne cache pas quelques sucres. C’est un demi-sec mais avec une belle acidité, salivante sur la fin, bien intégrée, avec une matière soyeuse. C'est un joli équilibre, tendu. Le cortège des arômes réjouit le palais du gourmand : cannelle à l'ouverture, puis, fruits mûrs, ananas, abricot, mandarine, épices, fumé. La finale un peu amère et réglissée est courte de 10 secondes à peine alors que la finale structurelle, assez vive, amère, un peu saline, est interminable.

Le vin résiste bien aux deux jours suivants, avec des arômes simplifiés mais une structure qui ne bouge pas.

Pour un pinot gris, on en boirait. Comme j’apprécie autant le pinot gris que les chats, c’est un sacré compliment. Il est pas di tout vilgaire.

 

Et enfin…

 

Le Pinot Noir

Vincent Stoeffler  

Avec la cuvée XXC 2005  

Bon OK, il n’a pas droit à l’appellation, mais il est quand même né là bas, sur les pentes du cru. Et il est, comment dire…

Sa robe est assez foncée pour qu'on soit tenté de la soulever mais encore assez translucide pour sauver la vertu d’un pinot bien né. Ca te parle d'un rouge parfait, rubis pur. Ca te cause de gras, de velours, de volupté.

Le nez… Grands Dieux ! Ca explose et c’est mûr mais frais cueilli de l’arbre : liqueur de mûre (ouais, bon, j’en connais pas des masses des arbres à liqueur), cassis, genévrier, épices, un soupçon de viande marinée, crème à la vanille, cerise et une divine framboise à l'agitation.

Mais que serait un vin sans bouche ? Une femme sans (tut tut, régression)... Ca ne suit pas le nez, ça relance (Patrick de la voie cassée, si tu me lis).

Une sensation ample et veloutée, pleine, juste empreinte de ce qu'il faut de fraîcheur. Des arômes expressifs de fraise des bois, de cassis, de liqueur de fruits, de café. Ce goût à une profondeur et une longueur magnifiques (plus de 20 secondes).Un goût presque sucré et pourtant parfaitement intégré dans l'équilibre général.  Il se mêle à un peu de vanille et à du chocolat amer. Les tanins sont fondus dans la jolie matière, très fins. Boudiou que c’est bon !

Et le lendemain, dans le quart de bouteille qu’on a laissé, la structure ne bouge pas. Les arômes par contre se simplifient, à la framboise on ajoute une note très très sudiste de cade, de garrigue.

Que dire ? Plénitude ? Vraiment excellent. Peut être un poil trop rond. C'est mûr, presque sudiste. Fruité en diable, long et juteux. Arrachez les gewurz et mettez du pinot !

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Voilà. Fini. Presque. Que tirer comme conclusions de ces dégustations ?

S’il fallait résumer ces vins par une impression, je vous bassinerai avec un printemps à peine éclos, tout emprunt de brumes et de lumière fraiche. Mais les photos sont là pour vous le dire mieux que moi.

Dans l’ensemble, le niveau des vins est bon à très bon. Les vins montrent pour la plupart des acidités conséquentes et "mûres" associées à des impressions salines marquées sur la finale. Les structures sont harmonieuses et complexes. Les arômes, sans sortir des registres connus pour les cépages décrits, sont souvent francs et complexes. Voilà, ça ne casse pas cinq pattes à un ornithorynque me direz-vous. Mais rassurez-vous, je vous pondrai un truc plus pointu dès que j’aurais bu 100 de ces vins et 100 vins de chacun des 51 autres crus d’Alsace.

Cependant, en relisant mes notes je constate certaines constantes qui transcendent les caractéristiques de cépages : la récurrence des arômes d’agrumes et des sensations épicées. Pour le riesling, le tilleul et le miel reviennent souvent.

 

PS : si vous trouvez des fautes dans ce texte interminable, signalez les moi sans crier. Considérez cela comme un jeu et gagnez... toute ma considération.

 

 

  

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4 mars 2011 5 04 /03 /mars /2011 13:29

Je vais expérimenter une rusticité inédite : un texte court et sans fioriture sur un vin. Un vin pas du tout simple mais qui va droit au but. Le but, des sensations Z’inédites comme dirait Zidane.

 

Quelques infos pour ceux qui ne connaitraient pas le domaine (décidément, vous n' sortez jamais) en conversion bio.

http://www.domainedecazaban.com/Website%20france/pages/accueil.html

 

Et quelques infos sur les vins et notamment celui-ci qui est un assemblage 50/50 de syrah et de merlot.

http://www.domainedecazaban.com/Website%20france/downloads/pdf_lesvins.pdf

 

Les Petites rangées 2009 du Domaine de Cazaban.

 

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Qu’en dire ? Tout d’abord que si le vin est bien rangé, il n’en va pas de même des deux étiquettes. Puisque d’un côté on lit Cabardès et de l’autre Vin de pays des Côtes de Lastours. Bon. Faut se décider mais n’étant pas très psychorigide de ce côté-là (il y a d’autres aspects de ma personnalité beaucoup plus rigides), on ne s’étendra pas plus sur le sujet.

Parce que dans le verre, l’œil ne perce pas le mystère tant la robe est complètement opaque, noire. Le disque trahit un mauve intense.

Le pif expressif, cause et flingue : cassis en gelée, cerise noire bien mûre, épices, côté floral, un petit côté vanillé pour les réminiscences de l’enfance. C’est sudiste, c’est bronzé, c’est beau, c'est élégant.

En bouche, ça ne raconte pas d’histoire tout en poussant la chansonnette. C’est rond en restant léger avec une finale tout en fraîcheur. Certes on ressent un peu d’alcool (mais je suis un difficile si pas une chochotte de ce côté-là), la matière est fluide, désaltérante, sans morceaux.

On peut sans se tromper parler d’un vin fruité et mûr. Cassis, cerise, framboise, violette même. Mais pas que. Puisque le vin est très épicé avec entre autres, du poivre blanc très perceptible sur la finale. Finale qui allonge le vin pendant plus de 10, allez 12 secondes avec une jolie amertume. Les tannins se réveillent alors, fins mais un peu secs.

Le lendemain, le vin est moins musical dans le genre fanfare aromatique mais il reste agréable, facile à boire, facile à aimer, générateur de sourires et de mots d’esprit douteux. La preuve, j’ai écrit l’histoire des oryctéropes en en buvant. Quand je disais douteux…

Et court et pas long le gars ! Pari tenu !

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28 février 2011 1 28 /02 /février /2011 15:26

 

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Fureur. Brouhaha. Acouphènes. Agitation. Stress. Rouge. Colère. Haine. Crise.

Bart à la radio qui ramène sa rengaine. Un train ou l’autre qui a déraillé. Deux bagnoles pourries d’affilée sur la route du turbin pour oser ralentir ma cavalcade. Le téléphone qui ne cesse d’éructer. Les rendez-vous qui pleuvent comme vache qui s’épice. Les réunions du soir à pas d’heure. Le enfants fatigués qui pleurent toute la journée. Travaux dans la maison. Le menuisier. La corniche à rafistoler. Le…

Pink Floyd, The Wall. Introduction de Another brick in the wall, part III. Vous visualisez ?

Dix radios autour de moi donnent leur son à fond, mauvaises nouvelles et chansons, gueulardes de star ac' et politiques patraques. Le cri bouscule ma glotte et sort à gros bouillons longs de ma gorge. J’écrase ma masse sur chacun de ces foutus postes. Fracas de plastique sur ferraille broyée.

Silence, enfin.

 

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Dans mon jardin, il y a un tas de terre qui attend d’être évacué, un tas bâtard, reste de terrassements jamais achevés. Un tas laid et hirsute de chardons et de buissons. Au sommet on voit de haut et de loin, tout le quartier de haies et de jardins déserts. Le soir un peu frais a chassé les gens, tant mieux, qu’ils me foutent la paix.

Les gros bourgeons clairs des cornouillers mâles commencent à se fendre pour révéler les délicates fleurs jaune miel.

 

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La terre exhale un peu de vapeur tandis que les haies frissonnent au soir tombant. Par delà les labours ocres, le soleil s’affale sur l’horizon.

Dans ma main, un autre soleil couchant que je mire avec attention pour m’éviter de me perdre dans mes souvenirs.

 

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Un astre d’un grenat très foncé, presqu’opaque mais pas totalement. Il y a encore un peu de lumière qui danse au fond du verre. Mais rien n’y fait, les souvenirs ne peuvent que m’assaillir. Les reflets rouges qui brillent sur cette robe de velours, le soleil qui se teinte de sombre et tache de sang les terres vides. Un troglodyte hurle sa strophe, bien planqué, invisible. Un étourneau pisote sur un fil électrique, lançant des tries étranges qui me rappellent un peu les martinets dans les villages du sud.

 

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Alors que les ombres partent à l’assaut de mon petit monticule, me léchant les pieds, des merles fous volent d’un buisson à un autre, lançant leurs alarmes sinistres.

Rien n’y fera, les souvenirs me submergeront. Mise en abyme, plongeant mon regard dans tant de vallées depuis tant de collines et de promontoires perdus sur lesquels mes pas m’avaient emmené. Le Donon dominant le damier lorrain, le Mont Pelé Stavelotain hanté de spectres gris à la minuit glaçante, Saint Donat solitaire sur les vignes d’argent d’un Luxembourg de printemps.

Mais voilà, malheur, que je plonge le nez dans le verre. Foudroyé, d’élégance, de classe, de complexité, de suavité. Une entrée en matière vanillée qui n'empêche que temporairement mon esprit de vaciller, tant ce qui suit m’écrase littéralement dans mes souvenirs.

Je sens tout à coup les cailloux secs et tranchant qui mordent la peau de mes fesses. Une poussière très fine et très sèche dessine des motifs sur mes chaussures mouillées de rosée. De Montcalmès au Puech d’Alluech , au bord du Tarn dans son gouffre. Ca embaume le sud. Des fruits noirs bien mûrs, ce genre de genévriers qu’on appelle cade, du laurier, des épices chaudes et musquées. Des fleurs et de la terre. La terre ocre du puech peut-être.

 

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Les merles s’en sont allés et à la place, des cloches ovines teintent désincarnées dans la lande. Deux vautours planent loin au-dessus de moi. J’offre mon âme à l’immensité, libre à elle de l’emporter. Dans le soleil levant, la solitude confine au sublime. Je vis plus fort et plus haut en voyant l’ombre des cailloux s’allonger à s’en détacher.

Je suis près à rejoindre les deux rapaces qui se laissent glisser vers la vallée. Aérien. Comme ce vin à l’équilibre atmosphérique. En quittant le sol, je ressentirai la caresse de l’air chaud comme du velours puis en m’élevant, il y aura les lambeaux de la fraicheur nocturne. Comme dans ce vin.

Ce vin de silence, de légèreté, de jouissance aussi. Celle des fruits cueillis mûrs et juteux sur l’arbre : cerise, myrtille, framboises, airelles, le tout délicatement épicé. Quand je vous dis que ce vin me transporte.

 

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Chaque gorgée m’éloigne un peu plus de février et de la Belgique moribonde. C’est la tendresse du souvenir qui coule encore dans ma gorge quand les tanins, très fins et fondus dans une jolie matière, aucunement excessive ni défaillante, déposent leur voile délicat sur mon palais. Et comme tous les grands de ce monde, quand Montcalmès est parti, il laisse durablement un bon souvenir, un sillon de fruits mûrs et de fumée légère sur plus de 20 secondes.

Mais les moments de grâce ne peuvent que s’écrabouiller la tronche dans le quotidien. Un clébard aboie et j’ai les fesses gelées. Adieu le Puech. Il y a Louis la Brocante à la télé ce soir.

Le lendemain, la grâce du moment n’est plus là. Le ciel est bas, triste et froid. Pourtant, Montcalmès lui, s’épanouit. Le thym, le genévrier, le café, les cerises, la violette et la myrtille au nez comme en bouche ne cessent de se relayer. En bouche, ce taffetas mûr et juteux, à la fois léger et plein, suave et vif devient magnifique.

Je dois vous le confesser, de ma modeste expérience, c’est là un Puech. Un délice qui pour revenir ras des pâquerettes avoisine les 20 euros, prix caviste.

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25 février 2011 5 25 /02 /février /2011 15:50

  vdv33 vin-et-chocolat 02-2011

Avertissement : si vous arrivez à suivre le fil de ce texte, c'est que comme moi et Sabine Paturel, vous avez tout fumé le chocolat !

 

C’est fait, je ne crois plus les amis. Les hygiénistes mugissent à nos portes. Les prohibitionnistes errent affamés dans les rues de Paris. Entre la finesse hédoniste coûteuse et le pékin qui se tape par kilos des Cara pils ou des Bergerac à 1,30 € la bouteille accompagnés de kilos de mauvais chocolat allemand au beurre de soja transgénique de chez Aldi, il n’y a plus rien ni personne.

Comment, je dis n’importe quoi ? Ben oui, mais c’est la seule introduction qui allait avec le jeu de mots facile du titre.

Hier soir, je suis tombé en arrêt devant la couverture d’un "femmes d’aujourd’hui" laissé négligemment en évidence sur la table du salon par ma belle-mère. Le magasine, daté du lendemain des fêtes quand même, annonçait fièrement aux lectrices "un régime miracle d’hiver pour les paresseuses, facile et efficace" (sic). Logique. Être mince c’est bien, mais si cela advient par la graisse du Simple d’Esprit  en restant vautré dans son fauteuil en n’en touchant pas une, c’est encore mieux.

Complètement bouleversé par cette nouvelle, je regagnai mon fauteuil pour terminer ma barre de Galler noir fourré café et mon verre de Stout.

Puis, gagné par la nostalgie, j’allai sur la plage, regarder le soleil gonflé de larmes s’écrabouiller dans l’océan, tout en jouant un petit air de ukulélé.

 

 

Bon, soyons sérieux cinq minutes. Mais pas plus alors.

 

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Ce mois-ci, les Vendredis du Vin sont pour moi, comme tous les vendredis du vin, un challenge. Mes parcours viniques, je les veux résolument hasardeux. M’imposer un sujet sur le vin est donc un défi, toujours agréable à relever. Cette fois c’est Hélène Lombardo alias Madame CRock qui nous propose de plonger corps et âme dans un des sept péchés capiteux : le chocolat.

J’avoue que j’ai failli ne pas relever le gant, simple rustre que je suis, amateur de chair facile et gargantuesque, face à la finesse sensorielle de gens bien plus délicats que moi. Sur facebook, pas plus tard que mercredi, ça parlait déjà de Quinto de Tusso Porto Vintage 1918 machin-chose marié avec des chocolats très fins genre xilili, xilit…, Guiliguili truc muche. Et moi, j’allais débarquer avec mes gros sabots et avec… quoi ?

Une grosse tablette de Callebaut fourré banane avec un porto ruby Sandeman ?

Bon quand même pas. Rustre oui. Totalement décadent non.

Mais les chocolats rares, estampillés d’origine, noirs, aux beaux amers fruités… Ca limite un peu le champ d’investigation je trouve. Et puis c’est trop sage, trop gourmet.

Alors que Belge de nature, j’ai été élevé aux mamelles de Messieurs Galler et Léonidas. Alors que pour moi, le chocolat c’est l’excès pantagruélique, le délire orgiaque, la crème et le gras, les fourrages mirifiques, c’est les lupercales, Bacchus, Pan et sa clique priapique.

C’est Ferréol, Piccoli, Tognazzi dans la grande bouffe. Tiens, soyons fous. C’est Monica Belucci, (version « combien je t’aime » avec Bernard Campan), le corps nu, moite, ruisselant, le cul épanoui dans une vasque de mousse au chocolat. Duo de teintes. Blanc bien gras, noir bien lourd.

Mais bon… je m’emporte. Permettez moi un instant de me recentrer sur mon sujet.

(MAM en bikini sur une plage en Tunisie. MAM en bikini sur une plage en Tunisie)

Voilà. Je suis plus calme. Je garde mon sang au frigo.

L’ennui avec les chocolats fourrés du genre de ceux que produit GALLER, c’est qu’ils sont trop gras, trop riches pour être mariés correctement avec un vin doux naturel ou un vin muté, lui-même riche en sucre, alcool, arômes. A moins d’avoir beaucoup de fraicheur et/ou de tanins fins. Mais même là, je trouve ça… trop. Reste alors le chocolat fin, amer et rare… et cher. Mais ni ma gourmandise ni ma tata Germaine ne s’en trouvent fort aise. Or, il faut que le corps exulte.

Au fil de mes souvenirs épars, laissez-moi tout de même vous conter quelques rencontres fortuites et fort réussies entre chocolats et boissons fermentées. Réminiscences qui sentent aussi bon le passé perdu que l’eau de Cologne de ma défunte Mamie.

Le souvenir lointain, d’abord, d’une rencontre unique. Unique parce que le chocolat dont je vais vous parler n’existe plus. C’est l’histoire d’un type génial, bourré d’idées dans la tête, un inventeur, un créatif au sens le plus noble du terme. Monsieur Marlier, dont j’ai oublié le prénom, natif du Tournaisis. Ne riez pas. Il s’agit réellement du fils de Marcel Marlier. Quelque part, c’est donc du frère de Martine que je vous parle.

Monsieur Marlier avait ouvert une petite chocolaterie (bien plus modeste que celle de Charlie) dans un endroit perdu, près de la zone humide protégée de Léaucourt, près de Pecq, au cœur de la Wallonie Picarde.

 Là où on dit chocolo et pas chocolat. Ch’est l’chien d’chocolo, ne l’donne po au cat !

 

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Monsieur Marlier aimait les chocolats fourrés mais était ulcéré par ces farces de crème et beurre engraissées. Il avait donc créé de jolis palets de chocolat noir, à 75 % de cacao, fourrés d'une poudre de fruits lyophilisés juste liée au beurre de cacao. Peu de gras, peu de sucre. La pureté et l’amertume fine et délicate d’un grand chocolat noir marié à des arômes fruités d’une puissance et d’une richesse inouïes. Sans le gras et la lourdeur. Et même avec de la fraicheur pour certains parfums. Je me remémore les palets au parfum griotte ou ceux à la noix. Ces chocolats là se mariaient à merveille avec des vins de type Rivesaltes Grenat ou Tuilé.

Je me souviens d’une association avec un « Roc de l’Amor 1998 » du domaine Mounié, un Rivesaltes Tuilé justement. Un peu trop puissant en alcool, ce vin relativement complexe nécessitait une longue aération et un accompagnement judicieux pour donner le meilleur de lui-même.

Avec sa robe claire tirant sur le brun-orangé, le vin puissant donnait dans la cerise à l'EDV, le caramel, le chocolat, le pruneau. Il manquait sans doute de finesse. La charge alcoolique ne pouvait être estompée que par une longue vidange et des tanins denses et fins. Mais avec les "palets griotte" de la chocolaterie de Léaucourt et leur grande fraicheur acidulée, le vin prenait une autre dimension. Quelque chose d’une mathématique à la Jean-Claude Van Damme où un et un feraient trois.

 

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Cette algèbre étrange, je l’ai encore expérimentée hier soir en accompagnant une bière d’un morceau de chocolat. La bière, c’était une Hercule de la Brasserie Ellezelloise à… Ellezelles. Que le monde est bien fait n’est-ce pas ? Comment ne pas voir le string de Dieu dans des coïncidences pareilles ?

Cette bière noir de jais est un stout. Enfin un stout à la Belge. La mousse couleur de lait russe, les parfums torréfiés et chocolatés, la fine amertume mêlée à une relative douceur du breuvage, tout incite à boire cette bière au malt caramélisé près d’un bon feu de bois. La bouteille à température de cave fraîche s’il-vous-plaît, c'est-à-dire vers 10-12 °C. Ne massacrez pas cette bière en la mettant au frigo.

 

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Mariée à une barre de chocolat Galler "Noir café", on touche au quantique mes petits amis. Crémeux, amertume, parfums chocolatés partent en vrille pour créer autre chose. C’est… à se péter la sous-ventrière. Il y a même des parfums de menthol et de caramel qui apparaissent. La mousse fine et crémeuse, les amertumes délicates, les arômes torréfiés de ces deux fleurons de ce qui est encore mon Pays devaient se rencontrer.

Belgium twelve points.

Enfin, dernier souvenir de chocolat, et après promis, je vous laisse lire des gens plus raffinés.

C’est la souvenance d’un subterfuge. Dans un coin du ring un moelleux au chocolat avec des noix et un peu de fleur d’oranger. Le challenger : un vin Naturellement doux (goûtez la nuance) du Languedoc.

Il s’agit d’un « Vendanges du 20 novembre 2005 » du Domaine de la Croix Chaptal, sur les Terrasses du Larzac. Un domaine dont le web ne se fait que rarement l’écho mais qui pourtant produit de jolies choses. Ici, il s’agit de grains de grenache botrytisés cueillis à tout petit rendement (12-15 Hl/Ha). Une teinte rubis translucide qui étincelle dans le verre, un nez profond et complexe qui allie fruits rouges très mûrs, fruits secs (genre figue, abricot), pointe de rôti et… peaux d’agrumes. La structure est très ronde, moelleuse et la bête doit être servie fraiche. 10-11°c maximum à mon sens. C’est aromatique et très long. Mais ça risque de manquer de fraicheur pour accompagner un dessert au chocolat. Pas que ce soit mauvais. Au contraire, c’est excellent, baroque, c’est… je ne sais pas moi…

La danse macabre de Saint-Saëns interprétée par KISS avec Rondo Veneziano aux violons ?

En résumé, les deux ensemble, c’était un peu fatiguant pour le palais. Enfin c’était ma crainte. Et donc, j’ai triché. Sur l’assiette de moelleux, j’ai ajouté deux ou trois quartiers pelés d’orange sanguine.

La chair acidulée et parfumée de l’orange joua l’entremetteuse ou l’arbitre et le match de catch prévu fut remplacé par un joli ballet en tutu de Maurice Béjart.

Mais trêve de souvenirs ventrus… je m’en vais faire mon jogging !

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8 février 2011 2 08 /02 /février /2011 19:22

Côtes du Jura Hubert Clavelin et Fils

Savagnin 2000

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Il est des rencontres qui vont à l’encontre... de que dalle. On invite des potes. On leur fait un plat inédit. Du genre exotique, me dit ma femme. Tu n’as qu’à trouver le vin.

Ben voyons…

Et il y a quoi dans ton plat exotique ? Du poulet. Mouais

Du lait de coco, de la sauce soja, de l’ananas, du gingembre, de l’ail, des patates douces. Aïe Bardaf c’est l’embardée. Que faire ? Que dire ?

Et du curry, pas mal de curry. Et puis des raisins secs. Mais bon sang, c’est bien sûr me dis-je en pétant, euh… in petto (c’est comme ça que Christian Bétourné, il emballe les filles, en écrivant in petto).

Bon, allez zou, je n’ai pas beaucoup de vins du Jura en cave, mais bon… Tiens… un 2000, un savagnin d’un certain Hubert Clavelin. Chouette. Avec un nom pareil pour un vigneron Jurassien, il va y avoir plein de bons jeux de mots pour un billet sur mon blog. Espérons juste qu’il ne soit pas ouillé.

Bien que comme m’aurait dit mon grand-père qui fut un temps mineur de fond (oh, pas longtemps, juste de quoi se choper la silicose), comme me disait grand-papa donc

« Quand il n’y aura plus de houille, tout partira en couille »

Et voilà comment on choisit un vin chez les rustauds des campagnes belges.

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Bon, ben les poteaux sont là. Le plat, longuement mijoté hume comme une promesse de vacances éternelles. Qu’en sera-t-il du vin ?

Déjà, rien qu’en mirant la robe, tu te retrouves illico presto...

Et non pas hélico pesto, comme disait mon cousin Félicien qui signifiait par là sa croyance ferme en une parenté de Serge Dassault avec le non moins célèbre Basilic de la mythologie de la Graisse Antique, qui comme chacun le sait, n'est pas bonne pour la santé.

Illico presto, tu te retrouves direct à l’hosto, euh… bon bref, c'est nul. Je m’emmêle les pieds dans mes jeux de mots.

Et donc tout cela pour dire que la robe intense qui mêle à un or franc de belles nuances ambrées ça me rappelle Bali et les sombres rues de Singapour, bien que je ne sois allé ni sur l'une ni dans les autres.

Au nez, nous allons voir si le caractère oxydatif attendu de la chose se marie avec le plat ou si ce sera à gerber.

Et ma foi… C’est qu’il y a de la complexité dans la bête. Une sacrée litanie d’arômes qui se dévident tel les grains d’un chapelet au fur et à mesure que les verres se remplissent et se vident. C’est expressif avec évidemment de la noix, mais sage, magnanime, laissant place au pain grillé, aux épices à des eaux-de-vie du genre de celles qui ont des goûts difficilement descriptibles comme l’alisier et le gratte-cul, du chocolat, de la mirabelle et… et… oui, un peu de curry, mais pas trop . A moins qu’à force celui du plat ait pénétré le vin.

En bouche, les arômes du vin que la chaleur du palais rendent encore plus causant racontent la même palette diversifiée. Les arômes sucrés-salés du plat se fondent dans le vin et le prolongent. La structure aide aussi. C’est gras et ample avec une acidité qui ne se révèle qu’en fin de bouche. Tout juste peut-on déplorer un léger manque de corps et de tenue en milieu de bouche.

Et une fois le vin avalé, il ne se rend pas, ne meurt pas… pendant plus d’une demi minute. De quoi amplement savourer son bonheur.

Le lendemain, le fond de bouteille que nous avons daigné laisser pour la science et l’édification des masses se révèle fort charmant. J’ai toujours aimer tâter du fond des bouteilles. Absence du plat ou aération aidant, ce sont de puissantes notes de curry qui se mêlent à l’abricot mûr, avec un peu de cire.

Voilà ce que j’aime, un vin offert par un ami retrouvé au fond de la cave qui n’est que surprises et bons moments.

Puisqu’on vous dit que la vie est belle.

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Et avant de me laisser aller à des rapprochements hasardeux entre le propriétaire et le contenant de jaune bien connu, j’ai été voir sur la toile :

http://www.clavelin.fr/le-domaine-1-1.htm

Et d’après le monsieur, il est effectivement le descendant de la famille qui inventa le clavelin. Voir ici 

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