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27 mai 2011 5 27 /05 /mai /2011 11:39

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Il me reste des bouteilles du 20ème siècle en cave. Le problème est que pour la plupart, elles sont là parce qu’elles y ont été oubliées. Alors évidemment, c’est facile d’ouvrir une grande étiquette après 10 ou 20 ans et de faire un compte-rendu sublime. Le Rustre, mesdames et messieurs est d’une autre trempe. Rien ne lui fait peur. C’est qu’il est sévèrement burné le Rustre. Et donc, ça donne quoi des bouteilles plus communes après 10 ou 20 ans ?

La saine lecture de mon blog vous apportera des pistes. Chaussez donc vos bottines et travaillez votre planter de bâton. Important ça le planter de bâton. 

Un morgon de 97 définitivement sexuel.

Un gewurz de 94 qui en avait à redire à bien des plus jeunes, mais il était bien né.

 

Pourtant, aujourd’hui je voudrais vous relater une expérience rigoureusement vraie, tentée avec un ami. Rigoureusement vraie au niveau du nez. Pour le reste j’ai un peu brodé. Faut pas déconner non plus.

 

Beaujolais Nouveau estampillé « Delhaize » 1988. Dégusté en 2006.

 

Un beaujolais nouveau de 18 ans d’âge. Une vraie rareté. Avec un mien ami très cher, technicien en centrale nucléaire, un ingénieur brillant, surtout la nuit, nous avions fait cette trouvaille extraordinaire en explorant une cave qu’il avait rachetée à son propriétaire pour une bouchée de pain rassis. J’étais très excité à l’idée d’ouvrir cette bouteille ancestrale. Car à ce stade, on ne boit plus du vin mais de l’histoire. Songez que cette bouteille avait vu l’accès à la présidence du club de pétanque de Bledouille-lès-bouseux de José Verstraten et la victoire au 100 mètres cloche-pieds de Pépette Lekeu.

Il décida un geste fou. C’était fou fou fou. Mais quand on est passionné, on est un peu fou. Je me suis dit soyons fous. C’est fou, et je me suis envoyé un Perier.

Il décida donc d’ouvrir cette bouteille et de la partager avec moi. J’étais très touché par ce geste d’amitié exceptionnel d’autant plus que la somme qu’il en exigeait était très modique.

Je puis vous dire que j’étais excité, presqu’aussi excité que quand j’avais obtenu aux enchères une authentique bouteille de gris de Toul de 1869. Presqu’aussi excité que lorsque j’avais organisé une dégustation de Vins anciens du Pas-de-Calais pour un cher ami Japonais que j’ai, un homme d’affaire, brillant lui aussi, surtout depuis quelques semaines à vrai dire. Une dégustation organisée au château de la Touffauvent, en présence de personnes exquises, comme le directeur général de la Société des Préservatifs Mammouth, Jean-Albert Belpaire, régisseur du domaine de Logorrhée Contouche et de mon amie la Comtesse de Brulquigneu. Je me souviens, quelle ambiance, quelle folle intimité. Que nous avions pouffé entre gens comme il faut. Les soubrettes passaient à la casserole par bottes de douze. Madame la Comtesse avait des gaz et… mais revenons à notre Beaujolais.

Je convainquis… Qui ? Pas Kiki, non car c’est le kiki de tous les kikis, mais simplement mon ami de me laisser ouvrir la précieuse antiquité avec ma méthode brevetée éprouvée : le tire-bouchon.

Le bouchon présentait un état très acceptable au vu de mes expériences précédentes puisqu’il était vert et gluant et qu’il exhalait des parfums doucereux de chien crevé au soleil dans une décharge. Aussitôt, le parfum de l’histoire s’échappa de la bouteille et vint nous titiller délicatement les narines. Ma femme s’évanouit. Ma grand-mère, qui avait bien connu les tranchées fonçait partout à travers la pièce avec son fauteuil roulant, hystérique, vociférant en postillonnant "les boches sont là, les boches sont là, Gaz moutarde ! gaz moutarde". Mon chien hurlait à la mort. Mon canari se mourait lentement au fond de sa cage.

Mon ami me regarda. Il avait les larmes aux yeux. Moi aussi je dois dire. Ca piquait un peu, il faut le reconnaitre.

-On est dans le carrément bizarre, me dit-il.

-C’est certes là une boisson mâle, convenais-je.

Nous versâmes un peu du précieux nectar dans nos verres de dégustation du 14ème siècle.

La couleur oscillait entre le vert purin et le jaune pipi de deux semaines dans un pot de chambre fêlé. Des particules étranges ne se contentaient pas de flotter mais nageaient carrément au milieu du liquide dont la texture s’approchait de celle d’une morve issue d’une sinusite de trois semaines.

Je humai le vin, tout en maintenant ma narine droite et mon œil gauche qui sont fragiles de ma main droite (geste qui demande une expertise certaine) pour qu’ils ne tombent pas dans le verre. De puissantes effluves d’effluents de porcheries mêlées à des fragrances de dégueulis de mouton avarié, signaient un authentique nectar, une parcelle de grande Histoire, avec les batailles, les charniers, tout çà.

Nous étions à présent seuls dans la pièce ou presque, mon chien étant mort et ma grand-mère poussant ses derniers râles. Quant à ma femme, elle embarquait d’urgence nos enfants dans le break familial. Mon ami pleurait. De joie je suppose.

Je décidai alors, un peu fébrile, de soumettre le vénérable ancêtre au test ultime, celui de la bouche. Boire un vin très ancien est une expérience culturelle, une démarche sur soi et sur le temps qui passe et sur l’estomac qui se révolte. Une fois le liquide réagissant (assez violemment) avec mes papilles et mes muqueuses palatines, je me fis très mal au poignet en tapant dans le mur. Si vous avez vu les bronzés font du ski, vous visualiserez très bien notre attitude à mon ami et à moi dans les minutes qui suivirent ce premier contact. Mon ami avait les yeux rouges et pleurait abondamment.

- C’est étonnant, me dit il difficilement en recrachant le vin et deux dents, avec l’âge, ce beaujolais nouveau est resté très beaujolais nouveau mais il a incontestablement pris une dimension supplémentaire.  

-Ah, çha ch’est shûr que çha ch’est shûr, lui répondis-je, tout en essayant de décoller ma langue de mon palais, le vin ayant tendance à les dissoudre l’une dans l’autre.

-Il y a encore du vin dans la bouteille.

-Oui du vin, mais autre chose aussi, que je n’ose pas dire.

-Aaaaaahhh boire un beaujolpif nouveau de 20 ans et puis mourir .

-Mourir oui. Je ne vois pas comment faire autrement d’ailleurs. Ah maman, je voudrais te voir une dernière fois.

-Il est croquant ce vin. J’ai l’impression de croquer une boule puante. 

Mais la dégustation n’alla pas plus loin, car les verres fondaient à vue d’œil et puis…

Je me réveillai en clinique 8 jours plus tard par une belle matinée ensoleillée.

 

 

Bon trêve de plaisanterie. N’empêche que je m’en souviendrai de ce vin de 20 ans là…

Voici le vin du jour, un rouge de Loire, bonnes gens.

 

Bourgueil, Domaine de la Chevalerie, Vieilles Vignes 1996

 

Cerise 5 

Dans sa jeunesse, cette robe ne devait pas laisser place à l’imagination tant elle est encore quasi opaque aujourd’hui. Sa teinte, grenat foncé avec des reflets oranges et bruns, laisse deviner un âge mûr.

 P7130044

Les vieux, ça met du temps à se livrer. Mais quand ils causent, on ne peut plus les arrêter. Si à l’ouverture, c’est élégant, ça reste pauvre sur un duo cassis/poivron qui fait un peu soupirer. La patience je vous dis, il n’y a que ça de vrai avec le vin. Après 4 heures, c’est ouvert et expressif : liqueur de cassis et de framboise. Cerise griotte, vanille. Encaustique, camphre, boîte à cigares pour le bouquet. Le tout donne une impression très mûre.

 

La bouche est fluide et fraiche, bien équilibrée, bien tendue. On ne s’ennuie pas.

Les tanins manquent de velouté mais soutiennent encore bien la structure. Question arômes, c’est modéré et élégant à l’ouverture mais là aussi, il faut attendre 4 heures pour voir la relève du poivron-cassis par la griotte, les épices et de nouveau des parfums de type balsamique, de la vanille. La finale sur environ 15 secondes est simple sur le poivron, le fruit noir et l’amertume.

 P9200137

Le lendemain, si la structure reste plaisante quoiqu’un peu bourrue, l’aromatique s’effondre sur un trucmuche de fruits noirs et de poivronné léger, un peu ennuyeux.

Mais bon, qu’est-ce qu'il disait l’autre ? Ah oui, on ne peut pas être et avoir été. Et le premier jour, il était encore, je puis vous l'assurer.

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commentaires

H
<br /> <br /> Pour la premiere partie du texte, tu aurais du rajouter : toute resemblance avec des (voire un seul) intervenants du celebre forum LPV est purement fortuite ...<br /> <br /> <br /> Une fois de plus, j'ai bien ri<br /> <br /> <br /> <br />
Répondre
L
<br /> <br /> Hugues, tu es le deuxième à me faire cette remarque, mais je ne vois pas, mais alors pas du tout de qui il peut bien s'agir. Alors pas du tout... non, non, non...<br /> <br /> <br /> <br />
P
<br /> <br /> Caaaaaa y est, par ta faute, chuis devenu incontinent de rire.... et comme ma tête était encore dans le cul de la veille, je ne te remercie pas,<br /> <br /> <br /> Infirmièèèèère ! J'ai fait....<br /> <br /> <br /> <br />
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L
<br /> <br /> Médite cet adage Patrick : Quand on à la tête dans le cul, il ne faut pas s'étonner d'avoir une haleine de chiotte. Ni d'avoir une tête d'attaché au cabinet !<br /> <br /> <br /> <br />

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