Avertissement : ce billet parle d'un sujet que les moins de 20 ans ne devraient pas connaître. Enfin de mon temps... Il contient des illustrations audacieuses mettant en scène des animaux !
Là. Avec un titre comme ça, sûr que le nombre de visiteurs sur mon blog va exploser. Déjà que l’essentiel du lectorat est composé de travestis d’Aquitaine comme vous le savez…
Et tout ça pourquoi ? Parce qu’un duo de blogueurs un peu fêlés de la cafetière préside les trentièmes VDV de la toile. Parce que ces personnages répondant au patronyme suspect autant que possiblement salace de "Bicéphale buveur", une grosse paire de dégustateurs donc, a décidé de donner pour thème à ces VdV "Le sexe et le vin".
Boule de gras, rien que ça, caramba ! Le sexe et le vin… Oui mais attends… Non hein ! Je suis marié, amoureux, fidèle et ma femme… n’aime pas le vin ! Je fais comment moi ?
Je joue la chose virtuelle ? Je m’adjoints les sévices d’une spécialiste tarifée (et qui aimerait le clos d’icelle, la sorcière) ?
Là, vous voyez ? Je m’égare déjà sur les pistes tortueuses et fangeuses de pratiques contre-productives au plan de la procréation : sévices, clos, icelle de cheval… Y a Monseigneur Léonard qui va m’ex communiquer comme on parlait dans le temps ! Oh oui, vas-y fesse moi avec une pelle !
Non, non, non… point de cela gueux fougueux !
D’abord, je pense qu’il faut remercier les bicéphales, David et Stéphane (qui ne demandent à personne s'ils viennent pour les vacances), d’avoir proposé ce sujet. Parce que pour une fois, ce n’est pas un sujet qui fâche mais un sujet qui tache.
Difficile de dire à ses potes qu’on est amateur de vin sans passer pour un snobinard un peu collet monté et serré du cul. Mais non, le vin, ce n’est pas seulement un monde de connoisseurs qui tastent des nectars purs et minéraux avec sérieux et même gravité, morigénant l’amateur de leur doctes sentences.
Non non. Il y a aussi des loustics qui disent, si on parlait de sexe ! Alors évidemment, je ne sais si vous le sentez en ce vendredi, mais la terre tremble tant la civilisation recule ! Ce n’est peut-être pas aujourd’hui que les vineux amateurs de la blogosphère vont se faire remettre un badge "dégustateur patenté pouvant s’exprimer" par les critiques appointés.
Et on s’en fout ! Les dégustateurs amateurs se révèlent plutôt tentés que patentés.
Je crois même qu’avec un sujet pareil, on tient le bon bout (un gros) de ce que Jacques Berthomeau appelle "l’extension du domaine du vin". Je crois qu’on va te l’étendre là, le domaine du vin. Brutalement sur un canapé ou doucement au détour d’un bois moussu. Il suffit de voir comment ça t’a frétillé de la plume ces dernières semaines sur le site de socialisation bien connu "derrière caprin".
Bon, mettez le son. De celle de droite de votre souris, cliquez ce lien dans un "nouvel onglet". Et écoutez. C'est du bizarre, de l'étrange. J'adore. Puis continuez à lire.
Je les ai vu poindre les mâles surexcités, les vineux libidineux, les viniques lubriques des rubriques bachiques, les légionnaires de la vigne caprine, bien finie paraît-il. C’est que depuis deux semaines, ça se bouscule au portillon du phantasme humide et chaud, devant le pont-levis du bon mot juteux. Ca te calembourise à te débrider la mieux harnachée des libidos, ça frétille du côté du plan cul littéraire, ça se défrise la moustache des amygdales du bas, celles qu’on t’enlève pas à moins de vouloir t’entendre sur le mode Hélène s’égara, qui se retrouva fort dépourvue, la bise venue, toute nue quand elle est venue dans ma rue, inconnue.
Bref, tous les blogueurs viniques, depuis quelques semaines, se faisaient monter la mayo à la testo, à faire pâlir n’importe quel vainqueur du Tour de France en mal de transfusion sanguine.
Que c'est triste Denise, quand l'amour est solitaire comme un ver.
Et ces dames n’étaient pas en reste sur la page fesse bouc (celle des suce dit légionnaires caprinophiles) des VdV. Ah, je vous jure, un peu de grivoiserie et l’homme qui sommeille en chaque femme et vice versa redevient bête et exulte tel le coq de Bruyère qui parade sur son arène (voir ici). Ca te régresse dans une fuite en avant incontrôlable tel l’amateur de vins nature qui avance pendant que la civilisation recule. Au point où elle en était la pauvre…
Bref, étant un jeune homme plein d’allant, de retenue et surtout de probité…
Non, non, les bicéphales : probité ce n’est pas un truc dégueulasse illustré à l’article 23 ter du Kamasoutra ! Il n’y a pas de verbe probiter, alors que petitbiter, ça existe et c’est foutrement dégueulasse si vous me passez l’expression, bien que réservé à de pauvres hommes (je n’ose dire mâles) bien moins pourvus que moi de ce point de vue (qui est très joli vu d’ici).
Etant, donc, disais-je avant de m’interrompre moi-même par des pensées qui, je dois le dire déclenchent quand même chez moi un léger début de vibration, de là à là (voir schéma 0a), étant, disais-je re-donc, un jeune homme de bonnes mœurs, je décidai crânement, en défenseur hardi autant que Laurel de notre belle culture pluri millénaire et pourtant séculaire, de ne pas tomber dans ce piège.
Mais quand même un peu. Mais alors un chouillas, tel cet éphèbe timide qui, ne connaissant pas encore le thé, boisson exotique que ne le laissait pas approcher sa prude maman, ne trempait qu’avec parcimonie son biscuit biscornu dans la ci-devant citée boisson chaude. J’ai donc décidé d’aborder ce sujet quand même dangereux avec la finesse qui m’est coutumière.
Dangereux, parce que de récents événements médiatiques en France on révélé qu’il valait mieux être vieux, grincheux et dire "fainéants de nègres" que d’être jeune et fringant et dire "fellation" aux heures de grande écoute. Ca coûte moins cher.
Dangereux, parce que déjà parler de vin c’est mal, mais alors de vin et de sexe. Non, non. C’est moins dangereux de dire "buvez de l’eau, bannissez le lait cru, votez FN". Et donc, étant d’un naturel lâche et peu batailleur, je me permets de dire que je suis contre, tout contre même, ce sujet. Le vin, c’est mal. L’alcool, c’est mal. Le sexe, c’est mal. La fête, c’est mal. Rire, c’est mal ! Dire des gros mots, c’est mal. Ne lisez donc pas la suite de ce texte. Ne regardez pas les photos hautement malfaisantes qui illustrent le sujet. Bref, cliquez sur la petite croix, en haut à droite de votre écran. Circulez, y a rien à voir.
A deux, c'est quand même mieux...
Et je commencerai par évoquer la poésie lunaire d’un crépuscule propice (mais lave toi les mains après) là-bas sur le port d’Heraklion, il y a si longtemps déjà.
Le brouhaha de la ville qui s’apaisait, la chaleur qui laissait la place à un vent tiède venu des flots bleu roi de l’Egée. J’appris que le vin n’était pas forcément sexualité mais certainement sensualité. Celle des peaux offertes aux éléments, des sourires qui se croisent, des sens qui se noient.
Il y avait l’éloignement douloureux de ma belle, ma lassitude, mes déambulations solitaires sur la jetée face au fort vénitien, me sustentant habituellement d’un frugal repas fait de maïs grillé, de grains de muscat dorés et de pistaches fraiches encore engoncées dans leur fruit. Et puis ce fut cette douce soirée et le pantagruelique mezze qui s’étalait devant mes papilles offertes : de petits rougets frits, des sépioles tendres et croustillantes à la fois, des feuilles de vignes savoureuses et mille autres mets régalant mes sens par la grâce d’une nature méditerranéenne généreuse dont on comprend qu’elle fut le berceau de la civilisation occidentale. Nonobstant (hé chou, y a nonobstant !), des sauces et des épices faisant la part belle à l’Orient : cardamome, cannelle, badiane… complétaient le festin !
Quelle douce soirée malgré ma solitude. Et avec ça il y eut des vins. J’ai oublié leurs noms mais pas leurs saveurs. Cette retsina si fruitée et puis surtout ce vin rouge… Une rondeur sensuelle dans un hammam de myrte, de thym, de cade et de laurier. Rhâââ… et ces jolies crétoises qui grouillaient partout autour de moi. Mon royaume pour un peu de Grèce (comme on ne dit jamais chez weight watchers). Je me vois encore rejoignant mon hôtel, seul mais heureux, repu, l’âme autant nourrie que le corps, rejoindre mon lit douillet et sombrer dans les bras de Morphée…
Et là ça se complique, parce que Morphée… c’est un Dieu mâle (avec des ailes de papillon mais quand même) qui pour vous faire atteindre la félicité du sommeil peut prendre n’importe quelle forme, le vil scélérat ! Morphée, c’est le marchand de sable. Vous vous voyez vraiment sombrer dans les bras du marchand de sable avec Gros Nounours vous regardant avec des yeux gourmands et lubriques, vous ? Moi pas.
La Grèce antique, c’est dégueulasse ! Même en passant sous silence les frasques écoeurantes des Dieux grecs (quand ils ne copulent pas avec une jument, ils se tapent leur sœur, cornegridouille !), il faut quand même évoquer ce qu’étaient les bacchanales, primitives orgies orgiaques mêlant bouffe, sexe, mort et… vin. On retombe sur les pattes de Pan, le faune, qui à l’instar du célèbre flic du Far-West, Omar et de sa copine Félicie avait du poil aux pattes, et le feu à son derrière caprin.
Diable, tout ce tient, tout se rejoint !
A deux c'est mieux... on peut tester des trucs. Tenthrèdes qui s'entraident.
Je vois que vous ne voyez pas où je veux en venir. Moi non plus à vrai dire !
Mais, tant il est vrai que c’est sur les plus belles croupes de la Gironde qu’on reconnait les plus jolis p’tits crus, il n’est néanmoins pas faux de dire que dans le Beaujolais, les mamelons de l’arrière pays où la main de l’homme ne se pose que trop rarement sont une invitation aux longues flâneries rêveuses.
Et là, mal me prit de cette évocation des rondeurs lascives de l’extrême-sud Burgonde qui éclipsa ipso facto les calanques grecques (t’as vu hein monsieur Bart, je parle latin, tu ne me feras rien hein, quand tu seras le grand chef ?).
Parce que s’il existe bien un vin apte à déchainer la fureur érotique animale la plus brute, c’est bien le Beaujolais. Et s’il existe bien un cru en Beaujolais capable de faire éructer de bestiale jouissance tout être à peu près humain, fut-il le plus janséniste des curetons scientistes de l’hygiénisme bon teint parisien, c’est le Morgon. Un verre de Morgon dans l’assemblée et la voilà qui se comporte de façon à faire passer la plus fébrile des bandes de bonobos fornicateurs pour une congrégation de moines copistes eunuques et tondus, pas seulement derrière le cou. Enfin, quoi que… par les temps qui courent.
Le Morgon, c’est LE vin sexuel.
Morgon, le fruit défendu du Beaujolais, le charme d’une dame qu’est payée pour ça, quitte à ce que tu bourres grognes !
Ah ben oui quand même… Mais laissez moi tousser, histoire de faire retomber la pression turgescente de plus en plus inflatoire autant qu’inflationniste qui gagne ma…
Hum hum hum.
Là, ça va mieux. Donc, je l’affirme haut et fort. Le Morgon, c’est sexuel. Ca te prend, ça te retourne, ça appelle le crime sauvage. Ca s’appelle Thérèse. Ca t’empapaoute la canne de soutirage. Ca va, ça vient, ça te secoue les reins et pourtant ce n’est pas la danse des canards mais du vin…
Et du coup, voilà que ça me reprend…
Hum hum hum.
Un vieux Morgon surtout…
Non, non, non, gueux lampistes. Je vous vois venir vous et vos calembours juteux et explosifs. Non, non, non, je ne vous parle pas là d’aventures de fond de gargote avec la vieille Huguette qui guette les marins en goguette qui… non non non. Vils bourrins poussifs de la jouissance facile. Homoncules amateurs de diptères, nains priapiques aux membres de bonobos, nanométriques mais frétillant qui vous permettent la défloration non consentie de ces insectes munis d’une seule paire, d’ailes.
Non, cessez vos suggestions, succubes sirupeux. Pour qui sont ces serpents qui sifflent sous son slip ?
Je vous parle du hasard d’un rencontre. De bouteilles portées par le destin. D’un choix qui n’en fut pas un. D’une explosion des sens qui ne dut la lumière a aucune chapelle subventionnée, aucun avis autorisé , aucun guide éclairé, aucune secte vineuse introduite mais bien d’une extase fortuite.
Et je me dédouane d’emblée de tout ce qu’on pourrait me reprocher d’inculture, de manque de goût ou d’éthique pinardière. Ce Morgon-là, je ne connais rien sur son mode de production ni sur son pédigrée terroiristique ni sa plaque minéralogique. Hélas, je sais aussi que sur le beaujolais, nombre sont ceux dont les méthodes de vinification heurtent le bon goût des tasteurs-connoisseurs avisés. Alors je ne sais s’il est bio ou nature ou pas, s’il provient d’une vilaine thermo ou pas, et j’avoue qu’en l’espèce, je m’en tape un peu.
De plaisir je veux vous parler. Et d’émois orgasmiques il est question. Et en ce domaine, il serait bien catholique de vouloir édicter des préceptes.
Foutre baderne, c’est Bacchus et son pote Pan qu’on invoque ici ou bien est-ce Monseigneur Lustigier ? Et excusez-moi, mais quand on joue à pan pan pépette sur les Bacchusettes, on réfléchit pas, on calcule pas, on mesure pas.
J’en vois qui ne suivent plus… Pan…, oui Pan, pas Peter, l’autre, le poilu des pattes cité ci-dessus, celui qui avait son porte-manteau toujours avec lui, comme son poteau Priape, ce qui est pratique en soirée déshabillée pour éviter les mondanités inutiles avec des soubrettes trop empressées de vous débarrasser. Tout ce tient, je vous dis. Et dans l’atmosphère de la bacchanale pas bancale, deux Dieux d’équerre, ça vous soude une farandole !
Mais à plusieurs, c'est meilleur...
Et donc voici. Vin de mon mariage ayant porté la populace swingueuse de commensaux, de pique-assiettes emperlousées et de faire-valoir habituels à ce genre de sauterie endimanchée, bref, ayant porté cette bande de buveurs invertébrés aux portes de l’émoi, re-dégusté en 2005, il me transporta tant d’aise que c’est l’après-midi au soleil, sans baignoire ni sèche-cheveux, que je passai à me délecter de ses milles et savoureuses facettes, autant que sur une boule illuminant une prestation audacieuse d’un amateur de Patrick Hernandez.
Caressé par le jeu de l’astre diurne jouant dans les branches à l’ombre avantageuse et déposant sur mes joues purpurines des perles de soleil d’un pays qui ne voit jamais la lumière du jour, je me revoyais là-bas, les doigts de pied dans l’Egée. Un déluge de saveurs renouvelées à chaque gorgée : violette, pivoine, fraise, cassis, boîte à cigares, laurier, une collection inouïe. Et en bouche cet incomparable mélange de joie primesautière bridée avec peine par le semblant de sérieux d’une structure toute cistercienne. Bref, une fille de joie déguisée en nonette !
Légume trifide perfide mais innocent
Et c’est de nouveau il y a quelques jours que je retombai dans le vice d’ouvrir une bouteille de ce
Morgon 1997
Cave Jean-Ernest Descombes.
Nicole Savoye.
Comme toujours dans ces cas là, c’est la robe qui occupe les préliminaires. Une longue pièce de soie rouge foncé avec des reflets tuilés, transparente, à peine voilée peut-être.
Puis le nez effeuille la belle. Une nymphe qui hésite d’abord à donner tout ce qu’elle a. Elle a été enfermée loin du monde si longtemps la pauvre qu’elle se fait timide, discrète, un peu honteuse de ne pas être tout à fait propre sur elle et un peu accrochée à la bibine, exhalant des parfums d’eau de vie, de poussière et un soupçon de vieille pièce humide. Il faut laisser le temps aux taons, comme disent les marcheurs en été lorsqu’ils tombent dans les taons et qu’ils disent "les taons sont durs". Sur deux heures, apparaissent des arômes subtils d’eau-de-vie de fraise, de myrtille fraiche, de griotte, de fleurs, de champignon et une touche animale toute particulière entre sauge et transpiration. Si ça ne sent pas la fièvre des corps qui s’entremêlent tout ça !
Et c’est en bouche que l’affaire se développe. Là aussi, l’abord est diablement timide. Une liqueur de fruits monolithique, de la vivacité rebutante avec une pointe de CO2 te refroidissent les ardeurs au premier verre.
Comme au nez, il faut laisser à la belle le loisir de s’étaler avec lascivité. Voici la fraise sauvage qui évoque le sous-bois discret et moussu, appel à la galipette forestière sans langue de bois. Puis viennent la prune mûre, la cerise juteuse, le poivre émoustillant, avec toujours en filigrane une légère animalité qui, personnellement commence sérieusement à me faire onduler d’ici à là (voir schéma 0b) et à me donner envie de m’appeler Thérèse pour qu’on me retienne ou Aline pour… qu’elle revienne.
Que la bouche reste fraîche est une chose, qu’elle soit tendue de bout en bout est simplement obscène.
Je trouve la matière fluide, juteuse, ça touche à l’affaire de mœurs. Les tanins sont toujours là pour structurer sérieusement l'ensemble et me permettre de ne pas sombrer totalement, corps sinon âme, dans la luxure la plus torrentielle et de devoir ainsi rayer le nom de Benoît XVI et de Monseigneur Léonard de la liste de mes amis facebook. Très fins, très fondus, bien civilisés d’ailleurs, les tanins, pas les pontes épiscopaux, en totale contradiction avec la débauche sensuelle totalement licencieuse des arômes. En fin de bouche, ce morgon gagne en longueur (30 bonnes secondes) sur des arômes un peu confus de liqueur de vieux garçon, avec un léger déséquilibre alcooleux qui le rend un peu chaud et visqueux. Avouez que là, je dois arrêter la description car l’enfer me tend la perche.
Je préfère laisser s’écouler le liquide dans ma gorge et rester là, les bras ballants, heureux, assouvi, bien vivant.
Je vous le dis encore le Morgon, c’est sexuel !